Ayant pris connaissance des mesures gouvernementales dérisoires récentes nous avions écrit à la direction au début de la semaine dernière. Au vu de la vague de contaminations d’une ampleur inédite, nous voulions lui faire part de notre inquiétude. Nous avions pris la précaution de préciser que nous nous exprimions sans préjudice du contenu des documents qui seraient adressés aux membres du CHSCT, ne voulant pas nous résigner avant d’avoir pu en prendre connaissance. Il apparaît clairement à l’issue du CHSCT du 7 janvier que la direction a décidé de continuer à tourner le dos à toute politique de prévention en usant froidement des « ressources [humaines] disponibles » dont elle dispose pour adapter le fonctionnement de l’établissement à la survenue annoncée de nombreuses contaminations au sein des personnels. Ainsi, au moment où les taux de positivité et l’incidence sur l’ensemble des tranches d’âge explosent littéralement, avec les conséquences graves que cela pourrait entraîner dans une quinzaine de jours, l’administration décide de rétablir les jauges d’accueil à 100% en Haut-de-jardin ! Le frein mis en place il y a quinze jours – la jauge avait été abaissée symboliquement à 80% devant l’insistance des OS – vole en éclats.
C’est précisément là, au milieu des ruines, que tombe le hochet dérisoire d’une journée exceptionnelle de congé généreusement accordée aux seuls personnels titulaires à plein temps. Privés de télétravail, ils n’ont désormais plus d’autre choix qu’emprunter les transports pour aller travailler dans des conditions humainement inacceptables. Les vacataires à temps incomplet et les agents à temps partiel n’auront droit, eux, qu’à une partie de journée, le calcul se faisant au prorata temporis alors que ces collègues doivent voyager dans les mêmes transports bondés et respirer l’air des mêmes espaces exposés aux aérosols. Quelle mesquinerie ! Nous ne voulons pas d’une telle aumône mais demandons le simple respect de notre dignité professionnelle et de notre droit légitime à protéger notre santé et celle de nos proches. Et qu’est-ce qu’un seul jour de congé pour janvier quand nous avions pu bénéficier de journées hebdomadaires d’ASA lorsque les indicateurs de l’épidémie étaient bien moins élevés qu’aujourd’hui ?
De fait, même les mesures insuffisantes de « précaution renforcée » sur les sites de la BnF ne seront pas mises en place en totalité puisque l’établissement n’installera pas de capteurs de CO2 dans les délais prévus. Ceux-ci font pourtant partie des mesures renforcées obligatoires dans les espaces fréquentés par des publics selon la circulaire gouvernementale du 29 décembre. Et que dire du refus de la direction de respecter les consignes nationales concernant le télétravail en permettant à ceux qui le peuvent de rester chez eux trois jours par semaine ? C’est que pour maintenir l’ouverture de la BnF à tout prix, le recours aux catégories C et aux vacataires ne suffira pas à compenser les absences annoncées pour cause de COVID19, il faudra faire appel aux collègues A et B. Au vu des documents transmis, nous avons renoncé à faire office de figurants dans à une instance où non seulement les jeux sont déjà faits, mais où il faudrait désormais apprendre à reculer, ce que nous n’accepterons jamais. De fait, nous préférons nous adresser directement à vous que prendre part à un simulacre de dialogue social.
L’épidémie risque désormais de paralyser des secteurs entiers de la société et en premier lieu les services hospitaliers où le tri des malades a déjà commencé : elle est devenue incontrôlable. La direction doit rétablir immédiatement le cadre de prévention adopté lors des vagues précédentes. Il a montré son efficacité. La FSU exige le rétablissement des jauges à 50%, une réduction significative des paramètres de communication et des horaires d’ouverture des espaces accueillant les publics, ainsi que la fourniture de masques de type FFP2 à l’ensemble des agents affectés au service public, contexte potentiel de haute densité virale. Nous demandons que soient accordées sans délai à l’ensemble des personnels ne pouvant télétravailler au moins deux journées hebdomadaires d’ASA, sans préjudice des collègues non-titulaires ou à temps partiel. La direction est légalement responsable de la santé au travail : elle doit agir maintenant pour nous protéger ! Notre santé n’est subordonnée à aucun objectif comptable, aucun pari présidentiel, aucun agenda politique !
11 janvier 2022
Section FSU de la BNF