BNF : la crise sanitaire s’accentue d’heure en heure, message au président du CHSCT

Monsieur le président du CHSCT,

La crise sanitaire s’accentue d’heure en heure. Elle devient catastrophique. Contrairement à ce qu’a affirmé le Président de la République, la croissance exponentielle prévue par les modèles mathématiques, annoncée publiquement dès le mois de janvier par le Président du Conseil scientifique, a bien lieu.

D’ores et déjà, des dizaines de milliers de personnes sont mortes, d’autres, n’ayant pu être vaccinées, sont hospitalisées pour avoir été contaminées chez elles, dans les transports, dans des locaux professionnels. Les médecins, abandonnés par le gouvernement, déprogramment des opérations vitales et sont en passe de faire le tri entre ceux à qui on donnera la chance de vivre et ceux qui devront mourir, car le pic épidémique de novembre dernier est dépassé. Si des mesures de durcissement du confinement ne sont pas prises d’ici une semaine, les modélisations prévoient une explosion des entrées en réanimation en Île-de-France : on passerait de 1500 personnes en réanimation aujourd’hui à 4400 à partir du 19 avril, soit autant pour l’Île-de-France que pour tout l’ensemble du pays aujourd’hui.

Vous avez fait le choix de ne pas aller contre les injonctions gouvernementales et refusé de revenir aux dispositions sanitaires qui prévalaient au mois de novembre dernier, invoquant la « puissance systémique » de l’État. Dans un tel contexte alarmant, quelle que soit l’efficacité des protocoles mis en place au sein de la bibliothèque, nos collègues dont l’activité ne peut être « dématérialisée » par le recours au télétravail sont à présent exposés à un risque encore plus grave pour au moins deux raisons : d’une part, le taux d’incidence est aujourd’hui supérieur à 700, d’autre part, la contagiosité du variant britannique hégémonique et sa létalité sont de 65 % supérieures à celles de la souche originelle de la COVID-19.

Nous vous demandons depuis trois mois de bien vouloir rétablir le schéma d’activité précédent. Vous avez, chaque fois, refusé de le faire, vous abritant derrière les chiffres transmis par le service de la médecine de prévention. Ces chiffres qui montraient jusqu’au début du mois une stabilité relative, mais augmentent rapidement sont-ils suffisants, en nombre et en qualité, pour pouvoir établir des statistiques significatives ? La gestion systématique des contaminations et des cas contacts, quand ils sont effectivement recensés, est-elle satisfaisante ? Le fonctionnement du service médical, laminé par les restructurations, les difficultés de recrutement, les départs et l’instabilité depuis des années, est-il aujourd’hui en mesure de faire face à la situation, ce en dépit du courage et des efforts permanents de celles et ceux qui tentent d’en assurer le fonctionnement ? Ces dysfonctionnements et ces insuffisances structurelles et fonctionnelles ne contribuent-ils pas à la minceur des informations sur lesquelles l’administration s’appuie afin de justifier le maintien du périmètre d’activité et les paramètres d’ouverture et de communication ?

Dans un contexte sanitaire catastrophique où le moindre chiffre significatif, le moindre élément de comparaison pourraient constituer un obstacle à la mise en œuvre des non-mesures gouvernementales que nous dénonçons — mais auxquelles vous n’opposez pas de résistance — une évaluation objective du risque encouru, et non la compilation sommaire de quelques chiffres, ne manquerait pas, de notre point de vue, d’entraîner des restrictions bien plus importantes que celles que vous observez depuis des mois.

Mais avez-vous bien mesuré les conséquences sociales et psychologiques qu’entraîne depuis des mois la poursuite de l’activité » professionnelle, qu’il s’agisse d’agents présents ou en télétravail ? Quelles sont, à ce titre, les informations dont vous disposez — si toutefois, cela est le cas — émanant du service social et de la psychologue ? Et que ces informations importantes n’ont elles jamais fait l’objet d’une transmission aux membres du CHSCT afin qu’il en fût discuté dans une instance manifestement vidée de sa substance et transformée en chambre d’enregistrement ?

Enfin, comment est-il possible que les médecins, les infirmières, la psychologue, les assistantes sociales, collègues dont les compétences précieuses autant que l’action sont centrales dans un tel contexte de crise sanitaire, ne soient plus jamais convoqués au CHSCT quand leur présence y est indispensable ? Leur présence vous apparaît-elle comme superflue quand, au regard du Code du travail, vous avez l’obligation de protéger la santé morale et physique des agents dont vous avez la charge ? Ou bien considérez-vous qu’il n’y a pas lieu de les laisser s’exprimer au sujet des points d’ordre qui les concernent face aux organisations syndicales ? Quelle est, dans de telles conditions, la valeur du débat mutilé que nous avons et qui devrait constituer le préalable à une conduite raisonnable de la politique de prévention et de mesure du risque à la BnF ?

Cette absence permanente de représentants du service social, de la psychologue et des personnels du service de la MDP au sein du CHSCT, la vacuité du dialogue qui en résulte, le fonctionnement autoritaire d’une instance privée de toute expertise médicale et humaine, est pour nous inacceptable.

Nous vous demandons solennellement, au nom des personnels que nous représentons, de bien vouloir les convoquer systématiquement, dans les délais réglementaires, chaque fois que l’instance se tiendra.

Respectueusement, pour la FSU,
Le cosecrétariat
Jean-François Besançon
Benoît Linqué
Frédéric Weisz

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