Monsieur le directeur général,
Vous avez décidé, comme d’habitude, de mettre votre administration ainsi que l’ensemble des personnels dont vous avez la charge, au diapason des annonces gouvernementales du 14 janvier imposant l’avancement du couvre-feu. Vous n’avez pas pris la peine de convoquer le CHSCT pour que soient au moins discutées de nouvelles mesures concernant l’organisation de l’activité. Vous vous êtes contenté d’une annonce sur Biblionautes. Ce n’est qu’à une réunion de travail sommaire, le 15 janvier, que vous avez bien voulu convier les représentants des personnels qui, consternés, ont décliné votre invitation. C’est qu’avant même que vous ne convoquiez cette réunion, des consignes d’organisation avaient déjà été communiquées à l’ensemble des services… Toujours de manière unilatérale, face à l’indignation des syndicats, vous avez reculé d’un seul pas en abaissant à 17:00 les horaires d’ouverture de l’ensemble des espaces publics de la bibliothèque, maintenant cependant la réouverture des salles de lecture du Haut de Jardin aux lecteurs. Nous exigions pourtant la tenue sans délai d’un CHSCT exceptionnel au vu d’un contexte sanitaire préoccupant pouvant se dégrader à tout instant en raison de l’émergence de variants plus contagieux de la COVID-19 : force est de constater qu’une fois encore, vous n’avez pas souhaité nous entendre.
Tout cela ne laisse d’interroger quant à la volonté affichée de la direction de suivre à la lettre les recommandations du Ministère de la Culture appelant l’ensemble des administrations sous tutelle à respecter tout particulièrement le cadre du dialogue social pendant la crise sanitaire en cours. Mais avez-vous jamais entendu les demandes des organisations syndicales et, à travers elles, l’épuisement, le désarroi et la colère de nos collègues ?
De fait, dès l’issue du premier confinement, nous avions été mis au pied du mur. Les instances dans lesquelles nous avons continué de siéger, bon an mal an, se sont réduites à l’expression unique de simples chambres d’enregistrement où le formalisme des apparences n’est le plus souvent maintenu que pour satisfaire la communication de la direction en donnant l’illusion que le débat a encore lieu. La manière dont vous venez de vous affranchir de l’existence du CHSCT prend à ce titre un caractère exemplaire.
C’est dans un tel cadre d’obstruction et de surdité que nos camarades siégeant dans l’instance se sont vus contraints de devoir à plusieurs reprises – le mot est difficile – « marchander » la santé morale et physique de celles et ceux qui sont sommés de venir travailler contre vents et marées. Cette stratégie de tension permanente, qui porte atteinte à notre intégrité, est devenue pour nous inacceptable. Si nous avons tenu jusqu’à présent à accomplir nos mandats et à ne pas déserter les instances en raison de la gravité de la situation, nous ne pouvons plus supporter de devoir jouer le rôle de simples figurants quand vous allez, une fois de trop, à contre-sens. Vous faites en effet le choix dangereux d’élargir l’amplitude horaire et l’ouverture aux publics face à l’imminence d’une nouvelle accentuation de la crise sanitaire dont le Conseil scientifique lui-même avertit que, faute de réagir à temps, elle pourrait avoir des conséquences très lourdes.
De même, obliger aujourd’hui de nombreux collègues, qui ne peuvent se protéger en télé-travaillant, à revenir quatre jours par semaine sur site en empruntant des moyens de transports saturés est-il au moins raisonnable ? Le schéma de reprise d’activité que vous tentez d’imposer aux personnels relève pour la FSU d’une fuite en avant. La prudence commanderait pourtant de marquer le pas et d’ouvrir des discussions avec les syndicats, la médecine de prévention et l’ensemble des services sociaux au sujet d’une forme d’organisation souple et réactive subordonnant l’activité au facteur de risque encouru par les agents et les publics.
À ce titre, et à la condition que la situation actuelle ne s’aggrave pas davantage, nous vous demandons le retour a minima à l’organisation telle que pratiquée en décembre, à savoir, pour l’essentiel, une présence de trois jours sur site pour les agents, la fermeture complète du haut-de-jardin et une ouverture du rez-de-jardin de10:00 à 17:00 du mardi au vendredi.
Voulant croire dans votre attachement aux valeurs humaines ainsi qu’au principe de précaution qui doit toujours prévaloir au regard des mesures politiques, nous vous demandons instamment de bien vouloir rétablir le cadre d’un dialogue social attentif et respectueux. Nous ne pourrons en effet envisager de sortir de cette situation de crise, qui pèse considérablement sur les personnels et leurs missions, qu’en rétablissant la confiance et le dialogue. À défaut d’une évolution significative des positions exprimées par la direction au sujet du fonctionnement du CHSCT, de l’organisation horaire et du périmètre de l’activité des agents, nous serons contraints de reconsidérer les termes de notre participation à une instance désormais détournée de son usage et privée de sa substance.
Veuillez, Monsieur le directeur, recevoir l’expression de notre considération,
Pour la FSU, les Co/secrétaires,
Jean-François Besançon, Benoît Linqué, Frédéric Weisz.