Louvre. Par-dessus la pandémie de covid-19 : Le non projet DAPS 2024

1984 (Nineteen Eighty-Four) film britannique réalisé par Michael Radford, sorti en 1984, d’après le roman 1984 de George Orwell.

A l’instar de la Nasa dans les années 60 qui conquit l’espace au siècle passé, la DAPS (1) en 2021 adopte avec Dynaction (toujours!), une organisation dite matricielle, dans le but de dépasser l’organisation fonctionnelle en silos, optant pour une combinaison (argentée !) de direction hiérarchique verticale et un management de projet horizontal : unités autonomes d’un point de vue hiérarchique mais interdépendantes pour mener à bien les projets transversaux.

Avantages : la coordination, le partage des ressources… Inconvénients : la gestion des conflits, la responsabilité, le processus de décision ralenti, l’emploi de charabia répétitif, incompréhensible, donnant l’impression à ces pseudos professeurs d’être le centre du monde… Encore faut-il comprendre ce que l’on tente d’expliquer …

Sur « Teams » la réunion de présentation du nouveau projet de la Direction de l’Accueil du Public et de la Surveillance (après DAPS 2020, DAPS 2024…) puise toute sa force sur YouTube. La vidéo est plaquée. Il faut regarder, écouter, une présentatrice façon 20H qui a du mal à intégrer le discours qu’elle prononce… Nous sommes au Louvre, au ministère de la Culture.

L’agent syndiqué est costaud. Il a une sorte de peau à toute épreuve, un sous poil (de blaireau !) pour l’hiver, des plumes de canard pour la pluie… sans toutefois accepter le gavage ! Il ne tient pas du tout à se faire du foie gras d’autant qu’en période de pandémie, il vaut mieux maintenir un régime sans sucre ni graisse… Évitons toute comorbidité !
Bref : l’immunité acquise du syndiqué lui permet de dire stop, suffit, assez ! (… et tant pis pour les promotions, vengeance -morbide ?- de ces sous-chefs…) : la santé d’abord !

Au cours du dernier Comité Technique de l’EP Louvre, le 04 février 2021, les sections CGC, CGT et SNAC-FSU, indépendamment et sans concertation préalable, se sont emparées du même sujet en questions diverses : témoignant de l’épuisement des personnels encadrants de proximité de la DAPS, chefs d’équipe, adjoints et chefs de service, ayant saisi les organisations de leur choix pour porter leur volonté de retour à la normale, de reprise d’un rythme professionnel à la mesure des besoins organisationnels de cette direction dans un musée actuellement hors exploitation…

Étrange épuisement en effet ! Réunions de coordinations, comités opérationnels, plannings ultra chargés, connexions à tous moments de la journée, rabâchage de mots et expressions sans queue ni tête (l’œuvre de Dynaction, peut-être?). Les cortex sont fatigués.

Les personnels qui nous ont fait part de leur épuisement ont été extrêmement critiques envers la direction DAPS qu’ils considèrent comme parfaitement déconnectée de la réalité, élaborant des process chronophages et embrouillés, le plus souvent inadaptés à un terrain imaginé puisqu’ils ne le connaissent pas.

Les personnels encadrants et les agents sont atterrés. Au cours des deux dernières années en effet, les catégories A les plus décomplexées de la DAPS (le fameux pentagone !), ont surtout tenté de construire un discours managérial sans rigueur conceptuelle ni clarté dans la communication : « Ce que l’on conçoit bien s’énonce clairement et les mots pour le dire arrivent aisément » disait Boileau au 17ème… Il semble que tout cela soit oublié.

Les mots de la DAPS… un verbiage offrant le spectacle désolé d’un abîme intellectuel, une sommité de lieux communs, de contentements et remerciements appuyés quel que soit le sujet abordé, d’interventions rivalisant de crétinerie, même pas dignes d’un Bouvard ou d’un Pécuchet : les uns à peine arrivés au sommet où ils se trouvent, se remémorant « le long chemin » qu’ils n’ont jamais parcouru ; les autres se projetant dans le futur le plus proche et le moins prévisible, compte tenu des circonstances faut-il le rappeler, avec emphase : « Embarquons les chefs d’équipe ! », « Mettons-nous en ordre de bataille ! Tous en ordre de marche ! », « Renversons la table ! », « Sautons de l’armoire ! », « Préparons les JO ! Avec des logos de pyramides colorées ! Et vive le retour des visiteurs du monde entier ! » Et La réouverture de la pyramide serait ainsi garantie…

Triste spectacle auquel il faut assister. Salade de mots détournés, mal employés, qui donne la nausée et porte à se boucher les oreilles. Vous êtes bien au Musée du Louvre, au ministère de la Culture. Et les années passent. Le plan d’action d’un changement annoncé en fanfare n’est ni rationnel, ni intelligent, ni humble. Rien. Rien ne se dessine. Rien ne se projette. On ne conserve ni ne dépasse : on broie. On casse. On saccage. On écrase. Il suffit d’en avoir l’audace ! Celui qui veut être chef d’un projet le devient : E la nave va !

Et les boîtes mails pour tous ! Les téléphones portables pour tous ! Le nouveau logiciel d’affectation ORA ! Oui, gros retard à la DAPS : l’intégration de ces technologies était inévitable. Maintenant, laissons les personnels se les approprier, à leur rythme, naturellement, en équipe, sans pression. Et tout ira bien. Un gain, une libération technique, pas une contrainte supplémentaire !

Et encore et toujours cette formidable interdisciplinarité ou prêts d’agents (à taux zéro ?), qui ne résout en rien les effectifs non remplacés ! Parfois même, allez, soyons fous, on ose : « l’interopérabilité » ! Grand n’importe quoi verbal qui s’épuise à tourner en rond, à lancer des mots inappropriés, vides de sens comme pour mieux impressionner, imposture et poudre aux yeux des encadrements de proximité, maintenant épuisés par tant de fumisterie.

La langue française, notre bien le plus précieux, distordue, truquée, empoisonnée. Avec elle la faculté de juger, de raisonner librement, de penser, de communiquer empêchée et asservie.

On finit par se dire que cette fois, le moment est venu de renverser la vapeur (et non la table !) : pourquoi ne pas demander au pentagone de nous rendre des comptes ?

Lorsqu’on peut toucher l’IPF (destinée aux cadres techniques – Indemnité de Performance et de Fonction !), en parallèle avec la PFR (Prime de Fonction et de Résultat destinée aux administrateurs, cadres « administratifs »), ou jouir d’autres avantages, par exemple un logement de fonction que l’on ne veut surtout pas lâcher, alors que le Louvre et le Ministère nous assèche par des restrictions budgétaires, que le point d’indice n’augmente pas depuis près de 10 ans … on doit tout de même rendre des comptes réguliers et sincères à ses subordonnés !

A la catégorie B, à la catégorie C pour lesquelles, depuis des décennies, ni l’évolution de salaire, de carrière, ni le droit à des formations qualifiantes, formations émancipatrices ne sont jamais possibles ni proposés. A nos retraités dont nous sommes tous témoins des grandes difficultés, en particulier en catégorie C qui partent avec un minimum vital indécent quand bien même ils ont travaillé tant d’années !

Enfin, au lieu de mettre plusieurs heures à se remettre de longs discours indigestes auxquels on se voit contraint d’assister sans broncher de semaine en semaine ; avant de ressentir les souffrances (les fameux RPS : Risques Psycho Sociaux…) liées à l’assujettissement que réclame l’emprise mentale d’une hiérarchie immature, peu professionnelle et loin des réalités de l’emploi ; avant de tourner en bourrique comme un rat de laboratoire dans sa roue, acteur malgré soi du non projet 2024 qui va droit dans le mur ; avant de laisser prospérer en soi les diktats ridicules ; avant le risque pathogène, la détresse mentale…

Réagissons ! Surveiller les collections, accueillir le public ce n’est pas discourir et discourir encore !!! Les personnels diront NON ! NON en bloc. NON simplement. Laissez-nous respirer ! Laissez-nous travailler en paix !

DAPS 2024 n’existe pas. C’est le délire en apoptose de quelques prétentieux narcissiques, acculturés, distillant leur novlangue pour mieux anéantir la pensée, la formater en circuit clos, incapables de respect pour la Ressource Humaine qui les nourrit pourtant au sens propre.

Vous l’aurez compris : tout ce « fameux » projet DAPS 2024 … 2034 ou 2054 … (Orwellien sans le savoir sans doute !) n’a pas d’autre but que de faire croire aux petites gens, aux « sans dents » que l’on s’occupe d’eux et « que deux et deux font cinq », « qu’être libre c’est être esclave », « que l’ignorance est la force » ! NON ! L’uniformisation n’est pas l’harmonie !

Assez ! Suffit ! Rien n’est mis en œuvre qui sache faire le détail entre ce qui fonctionne bien depuis longtemps et ce qui mérite un changement fin et rationnel dans l’organisation du travail.

Tout n’est pas à jeter ! Laissons travailler les équipes ! Laissons-les penser leur propre réforme lorsqu’elle est nécessaire ! Arrêtons ces réunions stériles, indigentes, répétitives, déstructurées, sans aucune mise en œuvre réellement utile et compréhensible pour les agents sur le terrain.
Il sera trop tard lorsque ce saccage aura épuisé notre capacité de résistance ou d’inhibition et qu’il sera si facile de conclure : c’est ingérable, on privatise.

ARRÊTONS ENSEMBLE LA TRISTE MARCHE DE CE GRAND DESASTRE ! Protégeons-nous !

(1) La DAPS : Direction de l’Accueil, du Public et de la Surveillance. Cela représente 50% des personnels au musée du Louvre. (1200 personnels, en gros, sur 2400…).