Le 8 octobre est inauguré le Centre de conservation du musée du Louvre à Liévin (Hauts-de-France) après 2 ans de travaux et près d’une décennie de débats sur l’externalisation des réserves du Louvre. Souhaité par le ministère de la Culture et de la Communication, ce centre de 18.000 m 2 doit accueillir à terme 250.000 œuvres provenant des réserves du musée parisien considérées comme exposées aux risques de crue centennale de la Seine.
Contre l’avis des personnels du Louvre, la direction du musée a décidé d’installer ce centre à 200 kilomètres du palais du Louvre en prétextant la proximité avec l’établissement du Louvre-Lens ouvert en 2012. Ce choix était clairement une solution de facilité, permettant au ministère de la Culture et de la Communication de ne financer que 4,2 % de la construction et de faire porter la majeure partie des coûts aux collectivités territoriales (région des Hauts-de-France, agglomération de Lens-Liévin), au fonds FEDER de l’Union européenne et au musée du Louvre, via
la manne issue d’Abu Dhabi.
Pour masquer cette raison et d’autres (récupération des espaces, externalisation des missions), la direction du Louvre s’est toujours retranchée derrière l’inadaptation des réserves du Louvre aux exigences de la conservation et l’absence supposée de foncier à proximité du musée, en région Ile-de-France. Certes, il y a eu des propositions de la part de la direction, mais elles n’étaient pas acceptables ou n’ont pas été acceptées. Depuis, les Archives nationales se sont installées à Pierrefitte-sur-Seine (Seine-Saint-Denis), le CNAP a trouvé 25.000 m 2 d’entrepôt pour
ses réserves à Pantin (Seine-Saint-Denis) et le musée d’archéologie nationale de Saint-Germain-en-Laye prévoit l’installation de ses réserves à Versailles (Yvelines).
Ce choix délibéré a des impacts négatifs directs : des coûts de fonctionnement très lourds pour le Louvre, un bilan écologique désastreux, l’épuisement profond des équipes engagées dans la préparation du déménagement et son exécution. Sans compter les futurs déplacements incessants entre Paris et Liévin, indispensables pour assurer les missions essentielles de gestion des collections mais qui constituent aussi un risque accru pour les œuvres. Ce projet n’affectera cependant pas seulement les équipes du musée et leur organisation de travail, mais il mettra en danger plus largement les interventions et la recherche menées sur les œuvres qui seront rendues particulièrement difficiles, voire impossibles selon la nature des collections, en raison de l’éloignement.
Pour reprendre les mots du président-directeur, Liévin est « bouton d’ascenseur »… mais à 200 km des escaliers !
Conscientes de leur devoir, les équipes du musée se consacrent depuis maintenant presque 5 ans aux chantiers préparatoires à l’installation de ce centre et savent que ces conditions de travail dégradées seront leur quotidien dans les années à venir. Car pendant ce temps, la direction du Louvre, indifférente à l’enjeu humain, refuse non seulement le moindre aménagement de la charge de travail des équipes, n’envisage pas de renforcer les effectifs de façon pérenne, mais se livre même à un emballement des chantiers et des grands projets au sein du palais du Louvre.
Alors ne nous demandez-pas en plus de sourire pour la photo !
Intersyndicale Louvre : CFDT – CGC – CGT – FSU – SUD