Conservateur, agent administratif, ouvrier d’art ou agent d’accueil et de surveillance, cet appel te concerne (tutoiement de haute valeur).
Si tu vas fureter sur Mercure (ma vie au Louvre/les syndicats) et que tu repasses les tracts de la FSU depuis 2014, tu seras sensible au fait que notre section SNAC-FSU n’a eu de cesse d’alerter sur les risques de destruction de nos métiers au sein de l’EPML et au risque d’anéantissement de la mission de service public culturel porté par les métiers et les êtres humains qui les exercent, nous tous.
Technique des repreneurs d’immeuble, l’action globale de la direction est de faire main basse sur nos vies professionnelles et c’est maintenant.
Pourquoi maintenant ? Parce que le Covid19 est une aubaine pour livrer le musée du Louvre à l’action mercantile et à l’entreprise privée !!! Imbuvable mais vrai !
La direction du Louvre a tout d’abord totalement manqué au devoir de protection de ses personnels : manque d’anticipation malgré nos alertes dès le 22 janvier 2020 sur le danger potentiel de ce nouveau coronavirus qui a valu 10 jours de blocage des boîtes mails de toutes les organisations syndicales de la part du Président Directeur du Louvre pour avoir osé en parler !
Trois jours de droit de retrait des personnels ASM (l’Union fait la force pour dire NON) dès le 01 mars 2020.
Fermeture brutale du Musée du 13 mars à 18 heures au 11 mai avec reprise partielle des personnels, et enfin une réouverture au 6 juillet dans des conditions sanitaires bricolées et très discutables par rapport au réel danger de cette pandémie.
Enfin, tout particulièrement à la DAPS, l’absence de PCA (Plan de Continuité d’Activité) initial débouche aujourd’hui sur une soi-disant « mutualisation » des missions sans badgeage pour contrôler le temps de travail : le tout à l’arrache !
Cela s’appelle profiter du covid19 pour initier un vaste plan de privatisation ou externalisation, comme tu veux ! On commence par te déboussoler (après un tel traumatisme…), tu perds tes repères (pas difficile !), tu as une bonne montée de stress (normal…), tu te sens pris au piège mais tu ne sais pas comment faire pour y échapper (technique du conditionnement…) et pan !
Mutualisation sans badgeage ! Te voici privé du contrôle de ton propre temps : toi qui travaille avec la montre !
Bientôt certains y trouveront un avantage… (sans se poser les questions de temps de récupération, de comptage des dimanches, des heures supplémentaires, des horaires décalés alors que le Louvre ferme théoriquement à 18 heures…). A quand la remise en cause des cycles de travail et de la RTT ?
L’ouverture au public sur fond de réservation générale obligatoire ou très fortement conseillée débouche sur un chômage technique des caissiers ; les nocturnes supprimées jusque fin septembre sont l’occasion de restructuration des contrats avec en conséquence des agents remerciés ou que l’on ne recrute pas pour l’été ; par ailleurs, d’autres missions essentielles à la sûreté jour/nuit sont remises en cause et, pour couronner le tout, on recrute vite fait de nouveaux chefs qui ne connaissent rien au terrain ! RIEN !
En revanche, certaines opérations ne doivent souffrir d’aucune entrave : les travaux du chantier Studio, le chantier du Petit-Bourbon et le transfert des œuvres au CLL…
Face à cette attaque frontale et ce saccage sans précédent des missions et du savoir-faire, le pire c’est l’isolement. Ne reste pas seul ! Regroupe-toi ! Syndique-toi ! Résiste ! La petite laine que tu as sur le dos n’est pas à vendre ! Tu n’es pas là pour te faire tondre ! Tu n’es pas un mouton !
Par exemple, ne te laisse pas leurrer par une facilité liée à l’absence de badgeage (qui, sans rire, est initialement prévue pour ne pas se regrouper aux badgeuses par temps de covid !) – mais on peut se regrouper à l’entrée des régions muséographiques pour un pointage à l’ancienne, par exemple… (mdr)
La direction du Louvre met en œuvre son Action Dynaction « DAPS 2054, avec son agent 3.0 et son interdisciplinarité » et brasse de l’air, conduisant sa charrette de chargé/es de missions qui n’ont officiellement pas de lien hiérarchique, mais donnent des ordres, des conseils, des avis, des indications et rabâchent… à tout-va ! Il faut bien s’occuper, faire semblant d’être important, quand on n’a rien à proposer de nouveau, quand on ne sait pas initier un vrai changement, quand on ne pense qu’à sa propre carrière et non aux simples nécessités de la ressource humaine.
Les mêmes qui voient dans les agents en télétravail des collègues qui ne sont pas utiles, car pas « en présentiel » : le « vrai travail » … Mais alors, comment ont été réalisés le paiement des salaires, les remboursements, les règlements des fournisseurs ou encore les validations d’accès etc.… ?
La volonté et la mise en œuvre de tous ces gens est la destruction de la Fonction Publique, (eux qui ne feraient pas une journée dans ce privé tant adoré, qu’il ne connaissent de toute façon pas…) le bras armé du P.T.M. (Plan de Transformation Ministériel : Suppression des postes de titulaires, pour faire appel au privé : + « rentable » mais surtout + malléable et + modulable ! L’idéal étant de conduire des agents corvéables à merci.
Le privé, si ça se rebelle, ça se mate, on change de prestataire et on ne reprend pas les récalcitrants !! Bel idéal de management pour le Louvre !!
L’action est déjà en cours : dévastatrice.
Si tu veux que la Fonction Publique, avec ce qu’Elle a de plus beau, reste au service de notre République et de nos publics, alors résiste avec tes collègues ! Ne te laisse plus avoir !
Nous pensons qu’un management fort serait certainement l’occasion d’éviter les gaspillages et d’avoir une économie juste, équitable, tenant compte des règles et de la loi de 1983, du traitement, des carrières, du bien-être au travail et du temps long. Le musée est l’écrin du temps long. Pas celui du babillage criard du temps court, de l’égo des chefaillons, des potelets ridicules, des circuits sans respiration, sans inspiration, sans souffle.
Arrêtons cette hyper fréquentation qui détruit tout ! Retrouvons un peu le goût de la poussière, de la méditation des œuvres, du regard, de l’arpentage à rebours, de l’errance, de l’imprégnation lente et du silence apaisé : antidote au cœur d’un monde ultra connecté l’espace d’une visite !
Revendiquons le droit à la déconnexion face aux œuvres ! Refusons tout lien touristique : grandes agences, voyagistes, tours opérateurs ! Que nul n’entre ici s’il n’est capable d’abandon ! Que nul n’entre ici sans humilité ! Que nul n’entre ici s’il n’a pris toute la mesure de l’alerte du covid19 !
Appel à tous !