INRAP : L’inversion des rôles !

Sans acrimonie aucune1, le président de l’Inrap s’empare du départ du médecin coordonnateur comme prétexte pour incriminer la responsabilité des organisations syndicales2. Pourtant, la cause de ce départ est sans aucun doute multifactorielle et il aurait, nous dit-on, tout simplement trouvé mieux ailleurs ! Grand bien lui fasse !

Ce médecin est arrivé en plein Covid et nous n’avons guère eu le temps de le voir à l’oeuvre dans le cadre des instances centrales ou spéciales ! Par ailleurs, ce départ n’est que la partie émergée d’un iceberg long comme un continent de départs qui sont les conséquences directes d’un management délétère qui pratique l’intimidation, l’autoritarisme et la brutalité à tous les niveaux. Ce contre-feu, ayant sans doute pour but de masquer d’autres problèmes, n’est pas à la hauteur de la fonction du Président de l’établissement public. Et, cette diversion n’explique pas pourquoi c’est la troisième démission de médecin coordonnateur en 6 ans ni pourquoi on assiste au siège à un « sauve-qui-peut » général ! Directeurs, chef.es de service, gestionnair.es, assistant.es de la DRH, assistantes sociales, préventeurs, apprentis aussi, toutes et tous ont quitté l’Institut ! La liste des départs est si impressionnante qu’elle se passe de commentaires. Le turnover à la Direction des Affaires financières et à la Direction des ressources humaines notamment ne permet plus de garantir la continuité du service.

Cette attaque de la présidence, veut-elle faire oublier que les organisations syndicales réclament auprès du ministère de la Culture une inspection sur les pratiques de la gouvernance de l’Inrap ? Pour en finir avec de nombreux dysfonctionnements à la DRH atteignant un niveau sans précédent, avec des anomalies sur les dossiers concernant la santé ou la rémunération des agents ; des recrutements parfois sans publication de postes. Pour en finir avec l’absence de communication et de coordination des services RH en région ou l’absence de réponse aux agents sur des situations individuelles trop nombreuses…

En tant que représentants de tous les personnels, nous sommes dans notre rôle lorsque nous dénonçons ces façons d’agir. De même, lorsque nous alertons sur les situations de travail qui mettent en danger la sécurité et la santé des agents et sur la faiblesse des analyses des risques ou l’indigence des protocoles de prévention. Protéger les agents, c’est notre mission première !

En revanche, en adressant à tous les agents un message suggérant que les organisations syndicales seraient responsables du départ du médecin coordinateur, le président de l’établissement n’est plus dans son rôle. La méthode qui consiste à jeter l’opprobre sur les agents syndiqués qui luttent pour assurer la protection de leurs collègues est inacceptable ! L’exercice de la représentation du personnel est garanti par la constitution, au contraire de la diffamation.

Monsieur le Président, vous inversez les rôles et préférez mettre de l’huile sur le feu que vous avez allumé ! Prenez vos responsabilités et assumez-les ! Les agents, tous les agents, ont besoin de concertation, de dialogue et d’échanges normalisés avec leur hiérarchie. C’est votre responsabilité de l’organiser à tous les étages de l’Institut, pour toutes les filières et pour toutes les fonctions. Que vous en référiez au « respect de la dignité de tous nos collègues » est tragique, alors que le mot d’ordre de l’intersyndicale depuis 2019 est « Salaire, Emploi, Respect » et qu’il nous aura fallu une nouvelle mobilisation, le 16 juin, pour aller dire au ministère que c’est sur ce dernier point que nous n’avançons pas.

Les agents de cet établissement voient les dirigeants passer alors qu’eux sont là depuis les 20 ans tant célébrés et ils savent pourquoi luttent leurs représentants !

1 – cf. courriel du président aux agents du 19 juin 2022, remerciant les agents pour les JEA et dénonçant « l’acrimonie ». Est-ce là une attaque sibylline du Président contre la mobilisation réussie du 16 juin ?

2 – Message du président :
Cher.e. Collègues,

Le docteur Delauney, médecin coordonnateur de l’Inrap m’a fait connaître sa décision de démissionner de ses fonctions en raison « des attaques répétées dont il a fait l’objet par des représentants syndicaux et de la remise en cause par ceux-ci de ses analyses médicales ».

Cette situation met à mal la médecine de prévention de notre établissement ; c’est donc une mauvaise nouvelle pour l’Inrap et ses agents.

Elle fait suite à d’autres mises en cause personnelles par des représentants des organisations syndicales, de collègues, encadrants ou non, dont certains envisagent à leur tour de quitter leurs fonctions pour ces raisons.

Si la liberté d’expression des syndicats est un principe fondamental, il convient de se protéger de telles pratiques.

Je souhaite inviter les organisations syndicales concernées à plus de mesure et à mettre fin aux mises en cause nominatives ; c’est le sens du courrier que je leur adresse en leur proposant une réunion rapide sur ces questions.

Je vous tiendrai informés des mesures auxquelles nous pourrons, je l’espère, parvenir pour retrouver un mode d’expression respectant la dignité de tous nos collègues.

Bien cordialement,
Dominique Garcia

CGT – FSU – SUD – CNT