La FSU
Qu’est-ce que ça veut dire qu’adhérer à la FSU ?
Cela signifie qu’on partage certaines valeurs, certains points de vue, avec 160.000 adhérents qui exercent essentiellement leurs métiers dans la sphère de l’éducation, de la recherche et de la culture. La FSU (fédération syndicale unitaire) est la deuxième force syndicale de la fonction publique d’Etat et la première dans le champ éducatif. Il est souvent dit que c’est un « syndicat de profs », ce qui n’est pas tout-à-fait faux puisque l’essentiel de nos troupes est composée des adhérents des gros syndicats enseignants (le SNUIPP pour le primaire, le SNES pour le secondaire, le SNESUP pour le supérieur).
Mais nous ne sommes pas seulement un « syndicat de profs », les syndicats « non éduc » de la FSU rassemblent les métiers de la recherche et de la culture mais aussi les infirmières, les assistantes sociales, les éducateurs en milieu carcéral, les administratifs de l’éducation nationale, les personnels de l’équipement, des affaires étrangères, etc. Avec un important centre de gravité « éducation » et un horizon large au sein de la fonction publique, nous avons en commun une conception très exigeante de la valeur de nos métiers et un sentiment d’urgence quant à la nécessité de les défendre.
Le SNAC (syndicat national des affaires culturelles) est donc un « petit » syndicat de la FSU (c’est normal : nous sommes un petit ministère), comme tous les syndicats de notre fédération, nous sommes un syndicat de métiers et de statuts.
Le métier
Pour nous, un métier est un ensemble de savoirs et de savoir-faire « incorporés » (devenus presque naturels par la pratique), mais ça n’est pas que cela : c’est également un milieu professionnel, un système d’apprentissage et de formation mutuel, une tradition et une mémoire et, aussi, un système d’évaluation interne (entre pairs, c’est pour ça que nous détestons cette nouvelle mode de l’évaluation qui s’exerce sur la base de critères chiffrés par des gens qui ne connaissent rien à nos métiers). Un métier est donc un ensemble d’éléments qui contribuent à fonder ce qu’on nomme notre identité professionnelle, part importante de notre identité personnelle : si nous sommes reconnus dans nos métiers, nous sommes plus heureux et plus équilibrés, non seulement comme agents mais comme citoyens et comme individus.
Le ministère de la culture comporte de nombreux métiers, et nous devons les défendre contre tous ceux qui cherchent à en appauvrir le contenu. De notre point de vue, un métier n’est pas du tout ce qu’entendent les technocrates qui ont fabriqué le « répertoire interministériel des métiers de l’Etat » (RIME) ; pour eux, un « métier » est simplement un ensemble de « compétences », donc des manières de faire et de se comporter qui peuvent être codifiées, gérées dans une optique de ressources humaines, et exercées par à peu près n’importe qui. Ce n’est pas notre conception, nous devons défendre nos métiers, et les CAP sont un des lieux importants de cette défense.
Pour nous, il n’y a pas de bons métiers et de moins bons, il y a en revanche de bonnes et de moins bonnes conditions dans lesquelles on est amenés à pratiquer ces métiers. C’est pour ça que nous syndiquons tous les agents quelles que soient leurs fonctions (nous sommes un syndicat inter-catégoriel) et que nous nous méfions énormément de certaines tendances de l’administration à séparer les gens entre « cœurs de métier » et « fonctions support ». Pratiquer une telle séparation, voilà qui est parfait pour diviser le personnel et semer la zizanie, c’est parfait aussi pour préparer une externalisation, mais c’est très dangereux du point de vue de la survie de nos métiers. Qu’il s’agisse de métiers liés à la conservation, à la recherche, à la médiation, à l’accueil, à la sécurité, à la documentation, et bien sur à l’administration, qu’il s’agisse de métiers d’art, de métiers intellectuels, artistiques, manuels, qu’ils mettent en œuvre des qualités de contact, de gestion ou d’expertise, tous nos métiers ont un même degré de dignité et doivent pouvoir être pratiqués dans toute leur complexité, sans être réduits à des cases dans une grille.
Le statut
Le statut, pour la FSU, n’est pas un privilège garantissant une continuité de la rémunération et de l’emploi. Certes, le statut garantit cette continuité (ou du moins, il la garantissait jusqu’à il y a peu, actuellement il y a danger), mais une telle garantie n’est pas un privilège, c’est ce qui fonde l’indépendance des agents par rapport aux pouvoirs politiques et économiques. Par ricochet, c’est donc ce qui fonde aussi un service public autonome par rapport aux intérêts industriels. Nous n’avons rien contre les industries culturelles, mais à chacun son rôle : nos institutions, nos musées, nos centres d’archives, nos monuments ou nos laboratoires ne sont pas des industries, et il faut défendre cette indépendance car elle est menacée par la cupidité des intérêts financiers qui cherchent à faire du profit privé avec tout ce qui, jusqu’ici, constituait le bien public. Nous ne transigeons pas avec le statut, même si, actuellement, ça ne semble pas à la mode. Les emplois publics doivent être tenus par des fonctionnaires, pas par des contractuels qui se trouvent inféodés beaucoup trop fortement à la hiérarchie et au politique. Il y a trop de contrats au ministère de la culture, et pas assez d’emplois statutaires ; il y a de trop nombreux collègues qui, exerçant des métiers liés aux missions du ministères, devraient bénéficier d’un statut, et qui se trouvent bloqués dans des systèmes de contrats, ce n’est pas acceptable.
La structuration par corps a prouvé son efficacité pour la défense des métiers et des statuts, c’est pour cela qu’elle fait l’objet de multiples attaques, parce qu’il y a, dans la « classe politique » et dans la haute administration, des gens qui pensent le service public en termes d’ « efficacité » et de « rentabilité », pas en termes d’égalité et d’intérêt général. Défendre les corps, ce n’est pas faire du corporatisme, c’est les faire vivre en les rendant suffisamment résistants pour qu’ils soient des instruments efficaces de défense des intérêts des agents et des usagers du service public.
Ces idées et ces convictions sont ce qui guide notre action, dans les CAP comme ailleurs. Elles actualisent les valeurs fondamentales que porte notre fédération : l’égalité, l’universalisme, la laïcité, la justice sociale, mais aussi la gratuité et la générosité.
Le service public n’est pas à vendre, ses agents non plus.