Les concours au ministère de la Culture, nouvel épisode : le concours d’ingénieur d’études, une impression de bricolage

La FSU Culture alerte depuis plusieurs années sur les difficultés rencontrées pour la programmation, l’organisation et la réalisation des concours. Les problèmes sont variés, mais pas un concours ne se déroule sans problème : respect des calendriers, mauvaise information sur le déroulement des épreuves et les postes ouverts, problèmes d’inscriptions, de composition des dossiers et des jurys, contenu des épreuves, défaut d’accompagnement des candidats et des affectations des lauréats, …

Le concours d’ingénieur d’études en cours d’achèvement est malheureusement un modèle du genre.

Il faut dire que le bureau des concours a pâti d’un fort renouvellement en même temps que d’une baisse importante de ses effectifs, ce qui le rend, malgré le professionnalisme des collègues qui y travaillent, nettement moins efficace qu’il y a 15 ou 20 ans.

UN CONCOURS D’INGÉNIEUR D’ÉTUDES TANT ATTENDU

Malgré des modalités plus que discutables, il s’agit du plus gros recrutement d’ingénieur d’études depuis 20 ans. Avec 33 entrants au concours externe, 15 au concours interne, et 50 admis en liste complémentaire.

Il s’agit seulement du cinquième concours d’ingénieur d’études organisé en 20 ans, et ceux de 2003, 2007 et 2011 n’avaient concernés qu’une demi-douzaine de lauréats chacun…

Avec près de 30 % des ingénieurs d’études du ministère qui a plus de 60 ans, et plus 15 % des effectifs déjà partis à la retraite depuis 5 ans, il était plus que temps d’organiser ce concours, qui avait tout d’abord été annoncé pour 2018.

Mais comme le ministère de la Culture organise (trop) peu de concours de la filière recherche, comme le bureau des concours renouvelle fréquemment ses effectifs, l’administration a tendance à inventer à chaque fois de nouveaux dispositifs dans l’organisation des concours, la composition des jurys et l’affectation des lauréats…

Nous, FSU Culture, avons donc demandé une réunion consacrée aux modalités d’affectation des titulaires du concours d’ingénieurs d’études et avons été reçus par les responsables du Bureau des agents de catégorie A et des agents contractuels et du Bureau du recrutement, des concours, des métiers et de l’évolution professionnelle.

BRECOMEP

Non, ce n’est pas le nom d’une chaîne de supermarché spécialisée dans le bricolage…

Il s’agit du service d’une vingtaine de personne seulement qui est chargé du recrutement, des concours, des métiers et des formations…. pour l’ensemble du ministère de la Culture.

Nous lui avons demandé si lauréats admis auront des propositions d’affectation en fonction de leur rang ou en fonction des fiches de poste publiées à l’ouverture du concours ?

Il nous a été répondu que chaque candidat, dans l’ordre du classement, aura une seule proposition d’affectation, celle qui apparaît la plus en adéquation entre son profil et les postes ouverts. S’il la refuse, il renoncera au bénéfice du concours.

Le dispositif choisi priorise donc la volonté de faire coller les profils supposés des lauréats avec les attentes des services affectataires aux dépens du principe de primauté du rang de classement au concours. Avec cette méthode, il est évidemment risqué que des lauréats bien classés n’aient pas de possibilité de choisir un poste qui leur conviendraient, postes qui pourront être proposés à des lauréats moins bien classés.

LE BUREAU DES LÉGENDES

Nous avons demandé comment le service en charge de ce travail, le BRECOMEP avait une connaissance assez fine d’une part des profils, compétences, appétences, contraintes personnelles des lauréats et d’autre part des besoins des services et des postes ouverts actualisés (étant donné qu’un certain nombre des fiches de postes rédigées il y près de 2 ans sont aujourd’hui obsolètes). Les responsables nous ont dit travailler d’un côté sur les notes du jury du concours et de l’autre avec le DAT et la DGPA (autorités d’emploi pour les DRAC et pour les services à compétences nationales, comme les laboratoires ou le DRASSM).

ARBITRAIRE

Donc, contrairement au concours précédent (celui de 2016) les lauréats n’auront pas de possibilité de faire connaître des choix d’affectation, contrairement aux chefs des services affectataires qui ont déjà commencé à faire leur « marché » dans les listes des lauréats. Une première pour un tel concours ! Jamais auparavant, un chef de service n’avait pu faire connaître ses choix dans les futures affectations de lauréats d’un concours État !

La plupart des lauréats du concours interne sont déjà en poste, remplissent des missions d’ingénieurs d’études (IE) et souhaitent être affectés là où ils sont déjà. Chez les 29 archéologues lauréats du concours externe, 15 ou 16 travaillent déjà, eux aussi dans des services où ils remplissent des missions d’IE, certains souhaiteraient rester sur place, d’autres non.

Tous n’auront pas de propositions de nomination sur place. Et l’administration refuse de se donner les moyens d’éviter qu’un nombre conséquent de lauréats refusent le bénéfice du concours.

→ Nous continuons à revendiquer que les lauréats du concours interne puissent se voir proposer un poste sans obligation de mobilité.

→ Nous continuons à revendiquer que l’ordre du classement soit respecté.

→ Nous continuons à revendiquer que des concours de la filière recherche (TR, IE, IR) soient organisés tous les 2 ans.

→ Nous dénonçons les modalités choisies et regrettons le risque élevé de choix arbitraires.

→ Nous regrettons que ce concours ait été organisé sans demander l’avis des organisations syndicales (et en particulier la FSU Culture) qui ont une réelle expertise sur ces sujets, et en particulier la connaissance de l’historique des concours et des corps de recherche.

→ La nouvelle programmation des concours 2024-2026 sera présenté au CSA ministériel du 7 décembre, Nous demandons que les prochains concours puissent être organisés après concertation avec les organisations syndicales représentatives.

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Concours ingénieurs d’études 2023

Ouvert en 2021. Affectation en 2024.

Spécialité « sciences appliquées aux sciences humaines et sociales » (en date du 03/10/2023)

Concours externe : 4 admis (pas de liste complémentaire)

Concours interne : 2 admis + 2 en liste complémentaire

Spécialité « sciences humaines et sociales » (en date du 18/10/2023)

Concours externe : 29 admis + 38 en liste complémentaire

Concours interne : 13 admis + 10 en liste complémentaire

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