Courrier au directeur du Musée d’Archéologie nationale concernant le déconfinement

Monsieur le Président, Monsieur le Secrétaire général, Monsieur le Secrétaire permanent,

A la suite de la récente mesure prise par la Direction de n’opérer un retour du personnel, qu’à compter du 18 mai, la FSU entend alerter les membres du CHSCT sur la nécessité d’autoriser un retour progressif, certes encadré et respectueux des mesures de distanciations physiques et de précautions en vigueur, mais absolument indispensable des agents de la conservation aux côtés des collections patrimoniales et des fonds dont ils ont la charge.

Le PCA du musée, conçu en date du 21 avril 2020 et validé par le CHSCT du 27 avril, est un document complexe qui a nécessité un dialogue intense et constructif des OS et de la Direction à propos de la situation des agents, de l’application de l’ordonnance N. 2020-430 du 15 avril 2020, des décrets relatifs au télétravail, à la co-activité avec les personnes extérieures et les entreprises et du référent Covid. Il était indispensable que ce document paraisse rapidement afin de couvrir ces différents points essentiels de protection sociale. Ce faisant, mettant au premier plan la situation sanitaire des agents, il a cependant laissé de côté quelques aspects dont l’absence a été remarquée et regrettée par une partie des agents du musée. La FSU considère comme de son devoir de faire entendre leurs voix.

Certains agents du Pôle scientifique ont ainsi vivement regretté que des missions fondamentales du musée, parmi lesquelles, la conservation des collections, aient été insuffisamment considérés dans le PCA du 21 avril 2020. La page dédiée à la crise sanitaire actuelle sur le site de l’ICOM (Conseil International des Musées) https://icom.museum/fr/covid-19/ressources/recommandations-pour-la-conservation/ est à cet égard très claire : « Sans négliger toutes les mesures nécessaires pour contenir la propagation de la maladie, ainsi que celles visant à garantir la sécurité de la population, les musées se doivent de remplir leur fonction première de conservation du patrimoine matériel et immatériel de l’humanité. » Et l’ICOM donne une définition précise du personnel essentiel, habilité à être présent dans le musée confiné, dans le cadre du PCA : « le personnel de sécurité en présence permanente, les techniciens autant que de besoin et, de façon occasionnelle mais non moins nécessaire, les conservateurs, les régisseurs et les responsables de collections ».

Le PCA actuellement en cours de validité est un document « appelé à être adapté à l’issue de la phase de confinement strict du 11 mai » et qui « connaitra une extension de son champ d’intervention jusqu’aux dates de réouverture du musée et du domaine qui ne sont pas encore connues à ce stade » (compte rendu du CHSCT restreint du 27 avril 2020). La Direction a clairement indiqué depuis, dans un message adressé aux personnels de la Conservation en date du lundi 11 mai 2020, qu’il fallait « faire évoluer ce PCA afin de renforcer la veille sur les collections et leur état sanitaire avec la présence de deux personnels scientifiques par jour (en incluant évidemment le SRD) ». La section FSU du MAN et DN salue ces intentions qui vont évidemment dans le sens du respect des missions fondamentales du musée et des préconisations de l’ICOM.

Il nous faut maintenant envisager les modalités d’un retour progressif au travail des équipes à partir du 18 mai, en privilégiant toujours le travail à distance, mais en gardant à l’esprit la nécessité de mener à bien nos missions fondamentales. C’est dans cette idée qu’il s’agira de réfléchir à la mise en oeuvre d’une phase 1 du plan de reprise d’activité définie comme une première étape dedéconfinement progressif. Cette phase 1 débutera à l’issu du prochain CHSCT. La situation de chaque agent devra être prise en compte ainsi que toutes les mesures à mettre en oeuvre pour assurer la sécurité sanitaire de tous. Il s’agira de définir, au moins dans leurs grandes lignes, les missions nécessitant prioritairement une reprise d’activité en présentiel, en précisant les jours de présence et les contextes d’intervention.

Par ailleurs, pour reprendre les principaux sujets soulevés lors du dernier CHSCT en date du 27 avril, et de manière à préparer la mise en oeuvre de la phase 1 du PCRA, la FSU rappelle qu’il a été demandé et acté les points suivants :

– Les chefs de service devaient informer les agents sous leur responsabilité de leur situation administrative et de tout changement éventuel.
A notre connaissance cela n’a pas été fait par l’ensemble des chefs de service.

– Les chefs de service devaient également prendre contact avec les agents sous leur responsabilité, de manière à :
1) lister les personnels susceptibles de reprendre une activité en présentiel
2) mettre en place des plannings en collaboration avec l’administration.
Ces tableaux devront être communiqués aux OS avant le prochain CHSCT.

– Pour éviter les transports en commun, risquant d’être bondés les jours ouvrés, l’administration avait proposé un étalement des plages de travail qui pourrait conduire certains agents à venir travailler le week-end.

La FSU a émis un avis défavorable à ce sujet et rappelle que cette possibilité ne peut être envisagée que sur la base du volontariat.

En conclusion, la FSU soutient la mise en œuvre d’une première phase de déconfinement dès le 18 mai prochain dans le cadre d’une actualisation du PCA permettant le retour en alternance, progressif et raisonné des équipes du Pôle scientifique selon les propositions effectuées par la Direction en date du 11 mai. D’autre part, elle souhaite recevoir au plus tôt les éléments permettant de réfléchir à la conception du PCRA. Elle rappelle à cet égard que la reprise d’activité du musée sera bien antérieure à l’ouverture au public, dont la date ne nous est pas encore connue. Cette phase pré-publique concernera notamment plusieurs chantiers de restauration ainsi que certains aménagements tant muséographiques que logistiques, nécessaires à la réouverture, qui ne pourront s’effectuer sereinement que pendant la fermeture du musée, et en concertation avec les équipes du Pôle scientifique.