CNC : Conseil d’administration du 29 septembre 2025

Le troisième conseil d’administration de l’année 2025 s’est ouvert lundi 29 septembre sur un constat inquiétant fait par le président du CNC au sujet de l’état des entrées en salle de cinéma, lequel confirme malheureusement une baisse régulière et structurelle depuis la crise du Covid. 

Si nous avons bien compris ce qui a été dit en introduction, la nécessité pour le CNC d’y remédier ne tient pas seulement à la nécessité de conserver un patrimoine historique ou protéger un système économique concurrencé par les plates-formes étrangères, mais à travailler à des enjeux culturels d’éducation à l’image, car cela implique aussi bien la santé publique (« l’économie de l’attention ») que l’engagement des citoyens dans la vie politique française. Toute une série de mesures ont donc été proposées lors de ce CA, notamment sur le soutien automatique de la petite exploitation, comme ce qui avait été déjà amorcé le 27 mars uniquement pour la moyenne et grande exploitation. Par ailleurs, le président du CNC souhaite orienter sa vision à l’aide des conclusions et propositions du Rapport Geffray[1], par exemple pour soutenir les dispositifs du même type que « Ma classe au cinéma », mais également pour pallier au désengagement massif des collectivités territoriales qui prennent actuellement des proportions de plus en plus drastiques sur les budgets culturels.

Le problème, c’est que dans ce contexte d’incertitude et de tension tous azimuts, les tutelles ont « engagé une réflexion » pour à nouveau ponctionner le CNC de 50 millions d’euros. Dans ces conditions, nous pouvons donc nous demander si nous avons encore de la crédibilité politique alors que le secteur est attaqué et que dans le même temps on prive le CNC de ressource pour faire son travail.

A ce sujet, la sénatrice Sylvie ROBERT nous a défendu en insistant devant les administrateurs mandatés par les Finances sur « les impacts » que pourraient avoir de telles décisions, et qu’ils prennent conscience « du système général » que forment le cinéma et l’image animée en France au-delà de leurs secteurs culturels respectifs. Bien sûr, on peut diplomatiquement défendre ces mesures de ponctionnement « exceptionnelles » avec la fable de la « solidarité nationale » — à laquelle personne ne croit puisque Bercy ne fait que rendre des comptes aux marchés financiers et par ailleurs asphyxie chaque année toujours plus les ressources de la sécurité sociale. Mais cet argent appartient au secteur cinématographique, et il en a besoin puisqu’il se transforme actuellement de façon aussi rapide que violente. 

Etant donné que l’on demande de plus en plus aux agents du CNC, nous avons aussi appuyé les déclarations des deux parlementaires présentes : supprimer ou détourner nos financements ferait perdre toute crédibilité aux mesures de soutien proposées en CA, ainsi que toutes nos capacités à expertiser le secteur. On ne peut pas faire de la « régulation » avec des discours ou des progiciels. Le marché actuel est fait de crises continuelles et n’a pas d’autonomie vertueuse. Aussi, le rapport 2024 de l’Inspection générale des finances rendu publique en juillet dernier est de ce point de vue effrayant : sa lecture montre l’ignorance totale de leurs rédacteurs sur la réalité du domaine que nous soutenons et développons, et les mesures proposées sont clairement destructrices. 

Si nous n’avons pas rapidement de postes supplémentaires pérennes pour relayer et concrétiser les décisions, mettre en œuvre les mesures et les suivre avec les nouvelles formes de cinéma, le CNC n’aura alors bientôt plus de raison d’être.

Malgré nos demandes précédentes, nous n’avons pas eu de réponse pour participer à au moins une réunion dédiée à la constitution du budget rectificatif du CNC (qui prend en compte la baisse des recettes prévisionnelles des entrées en salle) : nous nous sommes donc à nouveau abstenus concernant la validation du document, ainsi que du document stratégique du CNC qui ne mentionnait d’ailleurs aucune mesure pour augmenter le plafond d’emploi au CNC alors même que nos missions de service public s’alourdissent et que nous sommes autofinancés. Ce document sensé « conduire » l’action générale du CNC compte pas moins de huit objectifs à réaliser avec le même nombre d’agent.

Nous nous sommes également abstenus sur la validation du marché de renouvellement de la restauration boulevard Raspail qui a confirmé le prestataire actuel – ce dernier étant comme avec l’informatique le seul candidat en lice, officiellement à cause de « l’étroitesse de la cuisine ». L’administrateur supervisant le marché s’est permis de justifier cette situation de monopole avec le chantage habituel : « ah bah si vous préférez qu’il n’y ait pas de cantine… » 

Par ailleurs, alors que les agents du CNC doivent payer de leur poche tout ou partie des denrées de la cantine le midi en fonction de leur salaire, l’administration n’a pas voulu inclure les représentants du personnel pour évaluer ce marché. C’est inadmissible. Il est profondément irrespectueux d’exclure ainsi le personnel sur ce qui fait partie de leurs conditions de travail et qu’ils doivent financer eux-mêmes. La députée Sarah LEGRAIN s’est également abstenue par solidarité.

La séance s’est clôturée avec l’annonce d’un « Tweet » du président Donald Trump annonçant imposer 100% de droits de douane aux films produits hors des Etats-Unis d’Amérique.

Le prochain CA aura lieu jeudi 4 décembre à 10h.

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