
Dans le cadre de l’enquête administrative flash ouverte à la suite du vol survenu le 19 octobre au musée du Louvre, la mission de l’Inspection générale des affaires culturelles (IGAC) a reçu les organisations syndicales représentatives au ministère de la Culture. Cette audition s’inscrit dans un calendrier particulièrement resserré — une dizaine de jours seulement — visant à établir un diagnostic circonstancié des conditions de sûreté, des modes de pilotage et des facteurs humains ayant pu contribuer à l’événement.
L’intersyndicale a rappelé, en ouverture, que l’objectif de sa participation était de contribuer à la recherche de la vérité et à l’amélioration durable du dispositif de sûreté, dans le respect des personnels. Elle a insisté sur la nécessité d’une enquête contradictoire permettant la pleine expression des agents de tous niveaux et transparente s’agissant des conclusions qui en résulteront.
Principaux constats :
- Sous-dimensionnement humain et organisationnel :
Des effectifs très insuffisants pour garantir une couverture et une ouverture complète de toutes les salles permettant une rotation viable des agents. - Surfréquentation structurelle :
Flux continus et événements privés s’ajoutant aux contraintes quotidiennes, aggravant la charge de travail et les expositions aux risques de toutes natures, dégradations comme vols. - Défaillances techniques :
Systèmes d’alarme et de vidéosurveillance défaillants, zones blanches de communication radio et téléphoniques, maintenance inégale. - Pilotage déficient et management vertical descendant
Manque d’anticipation, décisions tardives, faible circulation de l’information, absence de retours d’expérience, absence de prise en compte des remontées des agents. - Climat social de défiance :
Perte de repères, sentiment d’abandon, non réponses aux alertes, précarisation croissante des conditions de travail, travestissement de la vérité.
L’intersyndicale a revendiqué :
- La publication intégrale du rapport IGAC, assortie d’un plan d’action, d’un calendrier et d’un comité de suivi associant les représentants du personnel ;
- Des mesures de sûreté immédiates (remise à niveau technique, couverture radio et téléphonique, protocoles d’alerte unifiés) ;
- La protection des agents pendant toute la durée de l’enquête (aucune sanction disciplinaire, accès au soutien psychologique) ;
- La création d’emploi de titulaires dans la filière accueil, sécurité et magasinage au niveau de 2012 soit + 500 agents
- L’ouverture d’un dialogue social régulier sur la sûreté et les conditions de travail dans l’ensemble des établissements patrimoniaux ;
- Une réflexion globale sur les modes de management en vue d’une plus grande participation des agents aux décisions qui concernent l’organisation du travail
L’intersyndicale a rappelé que la sûreté des sites patrimoniaux ne peut être une variable de régulation budgétaire mais constitue une mission régalienne du service public culturel.
Elle a exprimé son exigence d’un plan pluriannuel d’emplois et d’un pilotage partagé, garantissant que les moyens suivent les ambitions affichées.
Elle restera vigilante quant à la restitution du rapport et à la mise en œuvre effective de ses recommandations.
