Ne nous y trompons pas. La manifestation du 7 septembre N’EST PAS une manifestation de la France Insoumise. C’est la manifestation de tous les électeurs qui ont mis leurs espoirs dans un vote Nouveau Front Populaire, de ceux qui, par discipline démocratique, se sont vus forcés de soutenir un candidat ne correspondant pas à leurs idéaux pour faire obstacle au fascisme déclaré, ainsi que de ceux qui, n’ayant pu se résoudre à un tel choix, se sont abstenus.
De nouveau, comme après les élections présidentielles de Chirac et de Macron, une fois le vote acquis, la droite a fait fi de ces soutiens, poussant même aujourd’hui le cynisme jusqu’à profiter de ces voix pour contester la majorité relative du NFP. Les élections ont confirmé le refus des mesures gouvernementales (retraites, chômage, blocage des salaires…) qui s’était exprimé dans les grèves et manifestations du premier semestre. Macron rejette ce verdict. Ne reculant devant rien, il tente désormais de casser l’union dressée contre lui. La volonté affichée de mettre LFI hors lois républicaines en l’opposant aux autres partis du NFP jugés « plus républicains » / plus « respectables » montre combien Renaissance et les Républicains ont peur du jugement populaire et sont prêts à le contrer par des mesures anti-démocratiques si nécessaire.
Le refus du chef de l’État de reconnaître les résultats des élections marque un tournant dans l’évolution de sa pratique personnelle et autoritaire du pouvoir. Il trahit non seulement la déclaration des droits de l’Homme déjà bien malmenée par les différentes lois élaborées par son gouvernement, mais également l’article 3 de la Constitution : « La souveraineté nationale appartient au peuple qui l’exerce par ses représentants… » La dissolution devait lui permettre d’introduire dans le gouvernement des membres du RN ou de ses alliés directs. Les électeurs, en indiquant clairement leur volonté de changements politiques, lui ont opposé un refus catégorique.
Loin de respecter les traditions républicaines, Macron choisit donc le coup de force, donnant ainsi des gages à l’extrême droite. Prenant appui sur les dispositions constitutionnelles qui en font le garant de la Constitution, il adapte cette responsabilité à ses propres desseins. L’invocation du danger d’instabilité et de maîtrise de l’État agite le spectre de l’abîme et de l’état d’exception. La dérive politique à dimension constitutionnelle brandie par le chef de l’État interpelle le président du Conseil constitutionnel qui devrait sortir de son silence.
L’embrigadement de la République dans des objectifs autoritaires a franchi un cap : la négation du suffrage universel approuvée du centre droit à l’extrême droite. Les tergiversations autour du nom du premier ministre sont un leurre. Le président isolé campe sur ses positions et refuse clairement le programme du NFP sur lequel les électeurs se sont prononcés. Cette position est confortée par les noms des éventuels premiers ministres avancés par Renaissance et les Républicains ; ce sont tous des personnalités ayant déjà donné des gages à cette ligne politique et soutenu toutes les réformes votées à coup de 49.3.
L’apathie n’est plus de mise. Elle signerait un chèque en blanc conduisant la France en droite ligne vers un régime autoritaire illibéral. Tous dans la rue le 7 septembre!