L’archéologie, ou l’effacement du passé
Le patrimoine archéologique est un bien commun non renouvelable qui disparaît peu à peu alors que 50 000 hectares de terres sont artificialisés en France chaque année. Grâce à des années de luttes menées par les archéologues dans les années 80 et 90, la France s’est doté en 2001 d’un dispositif d’archéologie préventive conforme aux conventions internationales. Depuis cette date, près de 2 500 opérations sont réalisées chaque année par 4 000 à 5 000 archéologues professionnels de l’Inrap, des services territoriaux et des sociétés privés agrées.
L’archéologie, un bien commun
Seuls 7 % des projets d’aménagement et de construction font l’objet de sondages préliminaires, les diagnostics archéologiques, et dans un cas sur quatre ces sondages sont suivis d’une opération de fouille préventive. Si les opérations de diagnostics sont financées par l’impôt, les fouilles, elles, sont payées par les aménageurs (sauf pour les particuliers qui sont exemptés). Ce dispositif unique en Europe a permis depuis 2001 de renouveler nos connaissances sur l’histoire des sociétés anciennes et des paysages. Au fil du temps, le professionnalisme des archéologues et l’intérêt croissant des citoyens pour leur patrimoine et leur histoire ont fait de l’archéologie préventive une nécessité acceptable pour la grande majorité des aménageurs.
L’archéologie attaquée par les lobbys
Depuis 2001, l’archéologie fait régulièrement l’objet d’attaques. Cela commence en 2003, lorsque la droite, dans un esprit revanchard, crée de toute pièce et sans aucune justification économique un « secteur concurrentiel » de l’archéologie préventive, largement maintenu à flots depuis par des fonds publics… Et depuis 2003, les attaques issues de la droite libérale et/ou réactionnaire n’ont jamais cessé, alliées au dénigrement régulièrement exprimé par le ministère de tutelle, celui de la culture. Ainsi, récemment, de la ministre Dati déclarant qu’il ne fallait plus « faire des fouilles pour se faire plaisir » et qu’elle préférait « mettre de l’argent dans la restauration du patrimoine plutôt que de creuser un trou pour creuser un trou »…
Des budgets bradés. Des archéologues sacrifiés
Depuis le mois de mars les archéologues sont mobilisés et dénoncent la réduction drastique des moyens d’intervention sur le terrain avec pour résultat des retards de chantiers de moins en moins acceptables. Et par conséquence la mise au chômage de centaines d’archéologues, bloquant ainsi l’accès au premier emploi pour les jeunes diplômés.Ces réductions de moyens, dans le contexte de crise particulièrement pour la recherche et la culture, surviennent après des années de disette dans la fonction publique : peu de recrutements, le plus souvent précaires, et le non renouvellement des nombreux départs à la retraite…
Nouvelle attaque, le projet de loi dit « de simplification de la vie économique »
Aujourd’hui un nouveau cap est franchi. Ce projet de loi prévoit, en sus de graves régressions démocratiques et environnementales, que les grands projets d’aménagement dit « d’intérêt majeur » ne seront plus soumis aux obligations de l’archéologie préventive. Les parlementaires des diverses nuances de droite semblent s’accorder sur l’intérêt de lever toute entrave à la destruction de notre patrimoine naturel et culturel. Nous refusons que l’archéologie préventive ne repose que sur les petits projets alors que les grands travaux pourraient détruire notre passé sans contrainte !
Ces nouvelles offensives contre l’archéologie surgissent au moment où le secteur est déjà fortement fragilisé par les politiques de rigueur budgétaire, la précarisation des professionnels, les sous-effectifs et la dégradation des conditions de travail.
Des missions de services public entravées. Des sites archéologiques détruits.
Oubliant les objectifs d’une mission de service public, plutôt que d’affecter les moyens nécessaires à l’archéologie, sont mis en place des logiques de réductions de coûts, des suppression de personnel et des managements toxiques.
Et désormais le ministère de la culture ordonne à ses propres agents en DRAC de réduire le nombre d’opérations archéologiques pour s’adapter aux moyens d’intervention, volontairement diminués des opérateurs publics…
Résultats : du chômage et des sites archéologiques détruits avant d’être identifiés.
L’archéologie préventive en passe de devenir insoutenable
Alors que le dispositif d’archéologie était accepté, les temps d’attente pour une intervention avant travaux explosent comme jamais, mettant en péril l’acceptabilité même de l’archéologie préventive. Rien de tel que des délais qui s’allongent pour énerver aménageurs, préfets et élus locaux !
Le service public de l’archéologie se trouve ainsi fragilisé, l’ensemble des archéologues précarisés. Alors que cette situation pourrait être en grande partie réglée si les revenus fiscaux mis en place pour le financement de l’archéologie préventive étaient utilisés… pour l’archéologie préventive ! Or, depuis 2016, une part croissante de ces recettes fiscales échappe aux services publics de l’archéologie préventive.
L’ensemble des archéologues dénonce ces nouvelles offensives qui aggravent la crise sociale chez les archéologues et augmente les risques de destructions irrémédiables des éléments de notre histoire et de nos paysages.
La FSU Culture, avec les archéologues de l’intersyndicale CGT, CNT, FSU, SUD, avec tous les précaires et privés d’emploi, et avec les étudiants en archéologie, revendiquent :
• Le respect de la loi sur l’archéologie préventive.
• Un volume d’opérations en relation avec les projets d’aménagements et de constructions et non liés aux moyens diminués.
• Le financement des missions de service public à la hauteur des besoins.
• L’arrêt de la précarisation de la profession avec des recrutements permanents d’archéologues à l’Inrap, dans les SRA, les services territoriaux, les opérateurs privés, au CNRS et à l’université.
LE PATRIMOINE ARCHÉOLOGIQUE EST UN BIEN COMMUN
TOUS UNIS POUR LE DÉFENDRE !
La pétition « Sauvons le patrimoine archéologique ! » a déjà réunit 16 500 signataires !
Il est encore temps de la signer : https://www.change.org/p/sauvons-le-patrimoine-arch%C3%A9ologique
L’ensemble de la profession est mobilisée : archéologues de l’Inrap, des DRAC, des services territoriaux, des opérateurs privés, des précaires, des étudiants, des enseignants et des chercheurs.
Tous à Paris le 12 juin pour une manifestation nationale pour la défense de l’archéologie !
Rendez-vous 12h00 place Paul Painlevé (Musée de Cluny, métro Cluny la Sorbonne)
