Parvis de la cathédrale de Valence. Une destruction volontaire de patrimoine historique. Une nouvelle attaque contre l’archéologie préventive.

CGT – FSU – SUD

Début septembre nous apprenions que la direction de la DRAC Auvergne-Rhône-Alpes avait décidé de laisser détruire un site archéologique majeur à Valence (Drôme).

En effet, si personne ne s’y oppose, commenceront début octobre d’importants travaux sur le parvis de la cathédrale de Valence sans opération d’archéologie préventive préalable…

Ce qui paraît comme impensable est pourtant ce qui est prévu : le DRAC Auvergne-Rhône-Alpes, ancien sous-directeur de l’Archéologie, a décidé de laisser détruire des vestiges archéologiques majeurs sur un chantier sous maîtrise d’ouvrage … de la DRAC Auvergne-Rhône-Alpes !

Le 11 septembre, l’intersyndicale FSU Culture / CGT-SGPA a alerté tous les agents du ministère de ce scandale. Mais « droit dans ses bottes » la DRAC n’a ni réagi, ni revu sa position.

La destruction se fera sans étude archéologique, sans relevé, sans sauvegarde par l’étude des vestiges qui seront irrémédiablement détruits.

Le 16 octobre nous demandions à être reçus rapidement par le Directeur général des patrimoines et de l’architecture afin de défendre le nécessaire report de la date de démarrage de ce chantier, le temps que puisse être mis en œuvre une opération d’archéologie préventive.

Mais aura fallut attendre le 23 septembre pour que le Sous-directeur de l’archéologie propose à l’intersyndicale une date de réunion : le 2 octobre !

Soit le lendemain même du possible démarrage des travaux. Inacceptable !

La DRAC ARA et le ministère joue évidemment la montre et espère mettre la communauté archéologique devant le fait accompli.

Tant pis pour le scandale archéologique.

Un site archéologique exceptionnel

Les travaux prévus se situent devant la cathédrale de la ville (classée Monument Historique) et à l’emplacement même des vestiges de l’église canoniale Saint-Étienne, mais aussi du groupe épiscopal primitif de Valence, connu des archéologues depuis le milieu du XIXe s.

Le parvis est au cœur de l’ancienne capitale de cité de l’époque romaine. Des fouilles ponctuelles y ont été menées en 1866 puis en 1952 et en 2001, mais le sous-sol du parvis renferme encore des informations capitales pour la compréhension de l’histoire de Valence, dans le prolongement des fouilles de la Place des Ormeaux et du musée. De nouvelles fouilles permettraient de relier le baptistère paléochrétien (doté de rares mosaïques des Ve-VIe siècles), les bains de l’Antiquité tardive découverts immédiatement à l’est lors de la fouille de la place des Ormeaux en 2004, le premier palais épiscopal qui se situe juste au sud et le rempart romain et médiéval en bordure ouest du parvis. Alors que les vestiges affleurent immédiatement sous le bitume, des travaux menés sans opération d’archéologie préventive préalable feront irrémédiablement disparaître la liaison entre tous ces vestiges.

Des travaux d’ampleur

Les travaux projetés, sous maîtrise d’ouvrage de l’État, consistent en un confortement du mur de soutènement et une requalification du parvis de la cathédrale.

Dès que les travaux de « décroutage » de la place auront commencé, les vestiges archéologiques seront donc les tripes à l’air et donc irrémédiablement abîmés. Pourtant la décision a été prise de se passer d’une opération d’archéologie préventive, et même de refuser la surveillance des travaux par une équipe d’archéologues !

Les travaux de réseaux, de reprise de canalisation, de creusements de 1,00 à 1,60 m à travers les vestiges antiques et médiévaux, devront se faire là aussi sans reconnaissance archéologique préalable, sans même la présence permanente d’une équipe d’archéologues…

Les travaux de restauration du mur de soutènement de la place nécessiteront de « purger » les niveaux archéologiques sur 5 à 6 mètres de profondeur, à l’emplacement supposé du tracé de l’enceinte romaine ! Sans fouille archéologique, sans relevé, sans mesure de conservation préventive …

L’État a décidé de se passer des contraintes qu’il impose habituellement aux aménageurs privés et publics…

Alors que les travaux projetés se situent majoritairement sur des terrains propriété de la ville, l’État s’est engagé à assurer la maîtrise d’ouvrage des travaux.

Pour une raison inconnue (économies budgétaires, proximité des élections municipales ?) la décision a été prise de mener ces travaux rapidement, d’exempter la commune de la charge des contraintes liées au patrimoine et de laisser la DRAC seule assumer travaux, dépenses et contraintes réglementaires. Pourquoi les services du ministère ont-ils validé un montage d’opération si baroque ? 

Le directeur de la DRAC Auvergne-Rhône-Alpes qui sera parti à l’inspection générale en octobre a-t-il voulu faire un cadeau de départ ? A-t-il cédé à une pression du pouvoir politique ? On se souvient que le maire de Valence était ministre dans l’éphémère gouvernement Barnier l’an passé au côté de Mme Dati.

Une destruction de patrimoine avec préméditation. Un contre-exemple désastreux qui fragilise le dispositif de l’archéologie préventive

Les services déconcentrés des Monuments Historiques et de l’Archéologie, sous autorité du préfet de région, doivent faire appliquer le code du Patrimoine que ce soit sur des projets d’aménageurs privés, de collectivités locales ou sur les projets portés par l’État. Le ministère de la Culture est chargé de protéger et non de détruire le patrimoine !

Comment faire appliquer le droit, comment exiger demain des aménageurs de prendre en charge tout ou partie du coût des fouilles préventives, comme le prévoit la loi, si l’État montre le mauvais exemple en s’affranchissant de ses propres obligations ??

Chronique d’une catastrophe annoncée

Alors que l’archéologie préventive traverse une crise sans précédent. Alors que les archéologues se mobilisent depuis des mois pour sauver l’archéologie préventive, avec une très forte mobilisation de l’ensemble de la communauté à Paris en juin. Alors que les attaques contre le patrimoine par certains parlementaires se succèdent. Alors qu’en Auvergne-Rhône-Alpes une demi-douzaine d’opérations archéologiques ont déjà été abrogées sous prétexte de manque de moyens d’intervention…le directeur de la DRAC a décidé que la DRAC détruira sciemment, en octobre, des éléments majeurs de notre patrimoine collectif.

Si la DRAC ne fait pas marche arrière, si le démarrage des travaux n’est pas différé, le temps de mettre en place une opération archéologique,

les archéologues, les associations, les chercheurs, sauront se mobiliser comme ils l’ont déjà fait, pour empêcher ce désastre !

N’hésitez pas à signer la pétition lancée par l’intersyndicale Archéologie Auvergne-Rhône-Alpes :  ici

  Arrêtons ce scandale archéologique!

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