Harcèlement sexuel, agressions, agissements sexistes : les reconnaître et réagir.
C’est le thème du prochain midi de la culture vendredi 29 novembre 2019.
En intervenante : Caroline de Haas. Nous nous réjouissons de rencontrer à cette occasion une militante féministe de premier plan qui fut aussi l’initiatrice de la pétition « Loi travail, non merci » contre la loi El Khomri.
Espérons cependant que ce moment passé avec nous ne l’empêchera de répondre à l’une des victimes de Christian Nègre qui attend depuis le 18 juin une réponse de sa part. Relancée à trois reprises, suite à deux articles sur le sujet parus dans Libération et une intervention sur BFM, elle a persévéré dans son silence, tout comme Agnès Saal, d’ailleurs.
Comment expliquer ce silence ? Est-il lié, et de quelle manière, au marché « formation » qu’elle a passé avec le ministère de la Culture ? Caroline de Haas aura l’occasion de nous en dire plus vendredi, sous les ors de Valois (ah oui, c’est à Valois, pas aux Bonzes Enfants, on est prié d’être sage).
Nous espérons donc y voir plus clair en ce Midi de la culture car nous nous voulons des réponses :
Lorsqu’on est victime, on le signale auprès de qui ?
Au médecin de la prévention qui, rémunéré par le ministère et soumis à sa hiérarchie, ne fera rien ou si peu ?
A l’IGAC, dont les enquêtes ne sont jamais communiquées aux intéressés ?
A notre chef qui nous harcèle ? A son chef qui le protège ?
A la presse ?
Sémaphore (l’intranet de notre beau ministère) prévient : « Attention : aucun cas spécifique ni témoignage de nature personnelle ne seront évoqués au cours de cette séance. »
OK, nous ne parlerons pas de cas spécifiques puisque c’est interdit, nous ne témoignerons pas personnellement, mais par contre nous comptons sur Caroline de Haas pour nous indiquer la marche à suivre pour qu’en cas de harcèlement sexuel, agressions, agissements sexistes, des mesures réelles soient prises, sinon ce n’est pas la peine qu’elle se déplace.
Disons quand même que l’avertissement qui figure sur Sémaphore est particulièrement mal venu au moment où les victimes commencent à parler à l’intérieur du ministère.
Est-ce à dire qu’on ne doit pas parler du cas spécifique de Christian Nègre ? Qu’on doit rester dans des généralités, sans doute utiles mais en curieux décalage avec l’assemblée générale intersyndicale de vendredi dernier, où des témoignages très précis de victimes, de celui-là ou d’autres, ainsi que de témoins, ont pu s’exprimer librement.
Face au scandale révélé par le Canard, Libération et BFM, le ministère doit apporter de vraies réponses, pas de la comm’. Il doit d’une part garantir la protection fonctionnelle pour l’ensemble des victimes de Christian Nègre et de ses semblables, qu’elles travaillent ou non au sein de nos services, et il doit d’autre part faire toute la lumière sur le système qui a permis à Nègre de sévir aussi longtemps : non seulement qui était informé et pourquoi cela n’a pas cessé, mais comment changer la nature d’un système vicieux qui a produit et protégé ce personnage.
Au ministère, les agressions à caractère sexuel, quelles que soient leurs formes, ainsi que les discriminations et comportements sexistes, s’inscrivent dans un contexte hiérarchique extrêmement brutal qui permet à tout un tas de petits chefs, dans les établissements publics, en centrale ou dans les DRAC, de terroriser leurs agents. Ce système hiérarchique, il faut le comprendre, le dénoncer et le changer, il ne sert à rien de continuer à essayer de le décorer avec de bonnes intentions, des discours du ministre, un label égalité et des Midis de la Culture.
Sans préjuger de ce qui se dira vendredi, nous verrons bien si nous sommes du côté de la vraie vie ou du côté de la déco.
En attendant, on peut se féliciter du succès de la manifestation de samedi dernier contre les violences faites aux femmes, et féliciter Caroline de Haas pour le rôle qu’elle a joué dans son organisation. Il y avait plein de jeunes, et on y entendait des slogans intéressants, par exemple :
« le 23 dans la rue, le 5 on continue », visiblement, ils ont compris où se situait le problème, les jeunes.