Aujourd’hui 1e juillet, la Direction des affaires culturelles de Martinique est en grève. La raison : la directrice a décidé, contre l’avis de son personnel, de fermer la DAC du 1er au 18 août.
C’est typiquement le genre de décision arbitraire qu’il aurait mieux fallu éviter dans un contexte extrêmement tendu dans lequel les agents se plaignent de conditions de travail hyper-dégradées, d’injustices répétées et du mépris d’une direction qui les prend pour des buses.
Témoin de ce mépris : la méthode employée pour fermer la DAC en août est un petit modèle d’enfumage du dialogue social.
acte 1 : courant février, la directrice fait passer un « petit sondage anonyme » par internet invitant les agents à se prononcer sur une éventuelle fermeture de la DAC en août.
acte 2 : le 29 avril, la directrice fait parvenir au personnel de la DAC une note de service les informant d’une fermeture totale de la DAC entre le 1er et le 18 août 2013 et les enjoignant de déposer leurs congés pour ces dates. Dans cette note le « petit sondage anonyme » est devenu une « enquête » ayant permis de requérir un avis du CT (tenu le 24 avril)
acte 3 : le 23 mai, 13 agents (sur les 25 que compte la DAC) font parvenir à la directrice une pétition lui demandant de revenir sur sa décision.
acte 4 : le 13 juin, la directrice signe une note de service confirmant celle du 29 avril et ne tenant aucun compte de la pétition.
A partir de là, le dialogue est coupé, les agents ont beau répéter sur tous les tons qu’il est irresponsable de fermer la DAC en août, rien n’y fait. Les agents soulignent que des étudiants et des collègues étragners sont attendus au sein du SRA , que les dossiers d’autorisation de fouille doivent être traités dans des délais brefs (21 jours), mois d’août ou pas mois d’août, ou encore qu’il est indispensable de maintenir une veille informatique, particulièrement à la saison des cyclones, tout cela n’a aucun poids face à une administration (locale et parisienne confondue) qui se contente de dire que l’avis du CT a été recueilli dans les règles.
Effectivement, l’avis du CT a été rendu, mais il faut préciser que le CT de la DAC Martinique se compose de deux représentants du personnel et que le CT du 24 avril a été convoqué fort opportunément pendant les vacances du représentant FSU. L’avis a donc été donné à l’unanimité par … une seule voix !
Ce seul vote, dont on ne met absolument pas en cause la bonne foi, le problème n’est pas là, a permis à la directrice d’obtenir un arrêté préfectoral de fermeture et permet à l’administration, cabinet compris, de se cacher derrière son petit doigt en ignorant superbement une pétition motivée et signée par une majorité du personnel de la DAC.
Heureusement qu’Aurélie Filippetti, dans une note du 30 août 2012, s’adressait ainsi aux chefs de services : « je vous demande de rechercher, au sein des services placés sous votre autorité, chaque fois que cela sera utile et possible, les voies d’un renforcement des outils d’un dialogue social qui doit dépasser le stade formel pour contribuer à de véritables échanges, dans le respect du rôle de chacun des acteurs ». On sent qu’à la Martinique, la ministre n’est pas prise davantage au sérieux que les agents.
La grève d’aujourd’hui, introduite par un préavis FSU-CFDT, est donc le résultat de l’entêtement de la directrice de la DAC et de la totale inaction du cabinet. Les agents se plaignant, outre la décision autoritaire de fermeture, d’une ambiance dégradée qui amène une souffrance au travail préoccupante.
Dans la situation très tendue de la Martinique, on peut regretter que le ministère de la culture permette ainsi à la directrice de la DAC de jouer avec les allumettes à côté d’une poudrière. En attendant de voir le résultat de cette politique courageuse, on assiste au spectacle d’agents du MCC qui se battent contre leur hiérarchie pour la continuité du service public.
Tout va bien dans le service public culturel.