SGPA-CGT – SNAC-FSU
Un secteur en crise. Des professionnels déterminés et engagés
Les archéologues se sont mobilisés depuis plusieurs mois pour sauver l’archéologie préventive, avec une très forte mobilisation de l’ensemble de la communauté, réunie à Paris le 12 juin 2025.
Depuis le début de l’année 2025 l’archéologie préventive est entrée dans une de ses crises systémiques qui ont jalonné son histoire. Mais si les archéologues, leur intersyndicale et leurs collectifs, se sont mobilisés si fortement pour défendre leur discipline, leurs missions et leurs emplois, c’est parce qu’ils ont compris que le moment politique et social constitue un moment particulièrement dangereux pour la recherche, le patrimoine commun et l’intérêt général.
La baisse des moyens d’intervention pour les diagnostics, en particulier, a fortement fragilisé le dispositif : une baisse drastique du nombre d’opérations réalisées, une augmentation des délais d’intervention, des centaines d’archéologues au chômage forcé, des fouilles préventives en moins, une sous-direction de l’archéologie (SDA) contestant les politiques de prescriptions, et une acceptabilité de l’archéologie préventive remise en question… Et par conséquence des attaques législatives comme le projet de loi dite de simplification économique, qui proposait la fin de l’archéologie préventive sur les grands projets d’aménagement.
La mobilisation de l’ensemble de la communauté archéologique, public et privé, syndicats et collectifs, étudiants et chercheurs, ont permis de faire connaître la gravité de la situation et des attaques en cours.
Si le ministère de la Culture a œuvré à la suppression de l’amendement « anti-archéologie » (article 15 bis C) de la loi de simplification économique, sans notre mobilisation il n’est pas certain que cela aurait été le cas.
Nouvel abondement des moyens de diagnostics : trop peu, trop tard !
Le 3 juillet dernier, le président de l’Inrap, au sortir du Conseil d’Administration, a annoncé un « réabondement » des moyens de diagnostics dans un courrier adressé à tous les agents. Le même jour, c’est la ministre de la Culture qui écrivait aux syndicats représentatifs avec les mêmes annonces en assurant du soutien total du ministère « à la préservation des moyens de l’archéologie préventive et à la protection du cadre législatif et réglementaire ».
Cette nouvelle enveloppe de moyens n’aurait probablement pas été débloquée sans notre mobilisation. Mais cette nouvelle enveloppe pose un certain nombre de questions.
Le ré-abondement des moyens de diagnostics de 2,3 millions, soit 70 000 jours-homme au lieu de 60 000 initialement annoncé, n’est évidemment pas suffisant pour mettre un terme aux difficultés causées par la faiblesse des moyens. C’est toujours 15 % de moyens en moins par rapport aux besoins réels ! Ils arrivent trop tard et vont surcharger une programmation sur la fin d’année, assumée par les équipes dans des conditions calamiteuses. Les opérations prioritairement programmées à partir de septembre ne le seront surement pas sur des critères objectifs (les projets des particuliers, les enjeux scientifiques…) mais bien sur la capacité des aménageurs à gueuler le plus fort ou activer les bons réseaux (comme le fameux club des aménageurs de l’Inrap).
Une offensive venue de l’intérieur
Depuis le début de l’année la SDA, plutôt que travailler à l’augmentation des moyens d’intervention pour l’Inrap et les services de collectivité, a choisi de mettre la pression sur les services régionaux de l’archéologie (SRA) pour diminuer les prescriptions (comme, par exemple, sur l’agro-voltaïsme). Niant l’expertise des archéologues des SRA, la SDA ignore le Code du patrimoine, cherche à prendre la main sur les politiques de prescription en tentant d’imposer objectifs et méthodologies, sur la base de reporting brutal et de gestion des stocks comme un épicier gérant sa réserve de boîtes de petits pois…
Nous n’acceptons pas ces attaques contre le service public de l’archéologie venant de notre propre ministère. Nous dénonçons cette politique ministérielle qui affaiblit le dispositif de l’archéologie préventive et remet en cause les missions de ses agents.
Le danger des attaques législatives persiste !
Le renvoi de l’article 15 bis C devant la commission mixte paritaire en septembre fait courir un risque que le vote du 13 juin n’a pas totalement éloigné, notamment parce que la composition de la commission (droite et extrême-droite) est notoirement hostile à l’archéologie préventive.
Mais la fragilisation du dispositif, et en particulier les retards pour certaines opérations, a renforcé la volonté de certains législateurs de s’attaquer à l’archéologie préventive, alors que le système était largement accepté.
Il est prévisible que chaque texte en discussion à l’Assemblée ou au Sénat touchant de près ou de loin à l’aménagement du territoire sera l’occasion de détricoter le Code du patrimoine. Ainsi, même dans le cadre de la loi Duplomb « visant à lever les contraintes à l’exercice du métier d’agriculteur », certains parlementaires sont parvenus à introduire de nouvelles fragilités réglementaires dans le dispositif de l’archéologie préventive. Nous resterons donc attentifs à chaque nouvelle attaque d’où qu’elle vienne…
Toujours et plus que jamais mobilisés pour
nos missions, nos emplois, le patrimoine et la recherche.
Sans lutte, pas de victoire !
