Quand le ministère de la Culture n’est plus capable d’organiser des concours de la filière recherche

Au ministère de la Culture, les concours de la filière recherche sont une denrée rare.

Les agents du ministère se réjouissent donc lors de l’ouverture d’un nouveau concours. Enfin l’espoir de renforcer des équipes exténuées. Enfin l’occasion pour des collègues sur-diplômés de candidater pour des catégories d’emploi en adéquation avec leurs missions et leurs compétences…

Malheureusement, une fois encore, l’organisation des concours d’ingénieurs d’études et d’ingénieurs de recherche de 2023 illustre l’incapacité d’organiser des concours de la filière recherche au ministère de la Culture. Les choix mis en oeuvre illustrent également que notre ministère ne connaît pas (et ne cherche pas à comprendre) les métiers et la réalité des missions des agents de la filière recherche.

Le concours d’ingénieurs d’études actuellement en cours était particulièrement attendu. Le deuxième en quinze ans ! Le corps des ingénieurs d’études représente à lui seul les 2/3 des agents de la filière recherche. En 2017, le ministère comptait 270 IE. Depuis, près de 170 ont « quitté le corps » (retraite, promotion…), et une centaine sont heureusement arrivés (mutation, promotion…) Alors qu’il n’y a pas eu de concours depuis 2016, le concours IE 2023 a malheureusement pâti d’une organisation défaillante. Trop peu de publicité, durée trop limitée pour les pré-inscriptions, modalités de pré-inscription en ligne défectueuses… sans compter la publication de fiches de poste ultra-précises qui ont fait renoncer nombre de candidats. Résultat : relativement peu de candidats (près de deux fois moins qu’en 2016) et des espoirs déçus pour les collègues qui espéraient – enfin – des renforts dans les services…

Concernant les ingénieurs de recherche, lors du dernier concours, en 2020, la FSU avait dénoncé d’inqualifiables dysfonctionnements : concours interne avec des fiches de poste tellement précises qu’elles décourageaient les éventuels candidats qui n’étaient pas ceux qui étaient « prévus »…

Pour corriger la « boulette », le ministère s’était engagé à organiser un nouveau concours d’ingénieur de recherche avant la fin de 2023.

Malheureusement, encore une fois, nous observons les conséquences de la perte de savoir-faire sur l’organisation.

– Aucune fiche de poste n‘est publiée pour les postes en externe alors que les fiches de postes ont été fournies par les services souhaitant recruter des ingénieurs de recherche. On connaît la localisation géographique des postes mais non les profils attendus. Comment donc démotiver d’éventuels candidats…

– Quant aux postes en interne, tous sont sur la spécialité « sciences humaines et sociales », rien pour la spécialité « sciences appliquées aux sciences humaines et sociales ». Dommage pour l’égalité de traitement de tous les agents du corps des ingénieur d’étude qui pensaient avoir une chance de promotion…

– L’information a été tellement bien diffusée sur l’organisation du nouveau concours que dans les DRAC les chefs de service n’étaient pas au courant de l’ouverture du concours.

Alors que devons-nous comprendre face à une telle désorganisation ? Un manque de transmission de savoir faire en administration centrale ? Un désintérêt profond pour la filière recherche : « mais que va-t-on faire de la filière recherche au ministère ? »

On est en droit de se poser la question. Alors que tout le monde reconnaît que la valorisation du patrimoine passe par la recherche, et que la recherche faite au ministère de la Culture permet à la France d’avoir une expertise indéniable qui semble malheureusement plus reconnue à l’étranger que sur le territoire national.

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