Mouvement social au Centre Pompidou et à la Bibliothèque Publique d’Information : un exemple édifiant du mépris affiché des institutions pour les personnels de la Culture

1 – Situation du Centre Pompidou

Depuis le 16 octobre 2023, les agents du Centre Pompidou sont en grève à la suite d’un préavis déposé par l’intersyndicale CFDT, CGT, FO, SUD et UNSA du Centre, préavis reconduit le 15 novembre jusqu’au 15 décembre 2023, pour défendre ses missions de service public et le maintien des activités de son bâtiment principal, dans un lieu unique, pendant la durée des travaux.

Le Centre Pompidou doit fermer ses portes à l’été 2025 pour la rénovation nécessaire d’un bâtiment devenu vieillissant comprenant notamment des travaux de désamiantage, sécurité incendie, accès PMR, et réduction de l’empreinte carbone.

Depuis l’annonce de cette fermeture en 2021, le personnel et ses organisations syndicales ne cessent de solliciter la direction du Centre Pompidou pour obtenir des garanties écrites quant à leur avenir professionnel, ainsi qu’un site dédié parisien, avec sa propre gestion, qui porte et incarne l’institution dans sa diversité.
Nous alertons depuis des mois voire des années, pour que toutes les activités et toutes les actions culturelles de l’établissement continuent de rayonner et d’exister pour le public, et pour que chaque agent.e soit entendu.e et maintenu.e dans son activité a minima dans les conditions actuelles. Les situations de travail d’aujourd’hui étant déjà complexes.

Dans le cadre du préavis de grève, les organisations syndicales ont soumis un protocole d’accord d’accompagnement du personnel du Centre national d’art et de culture Georges-Pompidou (CNACGP) pendant la fermeture du bâtiment principal, avec 18 points de négociation déjà discutés au cours de 7 réunions.

A ce jour la mobilisation a permis des avancées mais de nombreux points restent à garantir :
– la solution d’un lieu unique dédié, en gestion autonome, du CNAC-GP pour assurer le maintien de toutes les activités du Centre Pompidou.
–  la non externalisation des activités, services et de leurs missions
– le plafond d’emploi et ses effectifs
– la question du maintien des plannings
– le droit au retour de tous les agents sur leur poste à la réouverture du bâtiment
– la cédéisation des agents sur CDD qui répondent effectivement à des besoins permanents
– le devenir des nombreux salariés des sociétés prestataires et concessionnaires qui participent à la vie du Centre.

Les négociations sont actuellement bloquées du fait de l’administration du ministère et de la direction du Centre. Les organisations syndicales et le personnel ont perdu toute confiance en leur direction. Le dialogue et les échanges sont néanmoins maintenu avec le ministère de la culture.

2 – Mouvement social à la Bibliothèque Publique du centre Pompidou (Bpi)

La Bibliothèque Publique d’Information (Bpi) est elle aussi concernée. Pendant la période des travaux du Centre Pompidou de 2025 à 2030, la Bibliothèque Publique d’Information sera installée de façon transitoire dans le bâtiment Lumière dans le 12e arrondissement. Les conséquences de cette période de fermeture sur l’activité et les conditions de travail des agents doivent être prises en compte et anticipées. Une présentation du bâtiment Lumière avec l’implantation des collections et des services a été effectuée en réunion plénière le 19 octobre 2023, laissant apparaitre de nombreuses zones d’ombre quant au déménagement et à l’organisation du travail durant la période des travaux du Centre Pompidou. Les questionnements soulevés rejoignent sur plusieurs points ceux des agents du centre Pompidou actuellement engagé dans un processus de négociation. A cela s’ajoute des questionnements propres à la Bpi.

Le personnel de la Bpi demande :

  • Que comme pour le Centre, il y ait un engagement concernant les effectifs, leur remplacement, et la garantie d’une augmentation des effectifs à l’ouverture liée aux nouveaux services offerts au retour en 2030, puisque la lecture jeunesse aura sa place, avec donc de nouveaux espaces.
  • L’assurance de conserver des contractuels d’accueil et de rangement et de renouveler leur contrat durant les travaux. Ne pas profiter du déménagement pour réduire les effectifs.
  • Un engagement sur le nombre de bureaux d’accueil et d’information en salle de lecture dans le nouveau bâtiment afin d’assurer un nombre de personnel mobilisé équivalent au nombre actuel et permettre ainsi un même nombre de dimanches et de récupérations à tous ceux qui font du SP actuellement.
  • Le maintien du fonctionnement actuel des plannings de service public et de leur mode de gestion autonome.
  • Rétablir l’ouverture à 11h les week-end et jours fériés, puisque l’ouverture à 10h était conditionnée à une demande du Centre Pompidou suite au retour de l’entrée de la Bpi par l’entrée principale du Centre.

Le site du Bâtiment Lumière n’étant desservi que par la ligne 14, cela contraint beaucoup plus les agents, le matin comme en soirée, notamment ceux qui viennent de banlieue, voire de villes d’autres régions. Il est donc impératif de prendre en considération les répercussions de tous ces changements sur les agents.

Il faut également prendre en compte la nécessité pour certains services logés au 25 rue du renard de devoir intervenir régulièrement dans la Bpi au bâtiment Lumière. Réfléchir à la meilleure organisation possible et la plus confortable pour les agents et les services.

Il faut revoir les conditions de télétravail durant les travaux en permettant plus d’heures de télétravail notamment pour les agents n’assurant pas de service public. Appliquer réellement le décret d’application du ministère de la culture concernant le télétravail, beaucoup plus favorable que celui appliqué à la Bpi.

Il faut revenir sur la décision de supprimer 100 000 documents des collections juste pour une question de place. Pour le moment, la direction a indiqué que l’on ne rachèterait pas de documents pour retrouver le niveau actuel de 350 000 documents lors du retour en 2030 dans le Centre Pompidou, alors qu’il y aura normalement plus de place.

Pour toute ces raisons et afin d’obtenir des réponses, un préavis de grève a été déposé ce jour mardi 21 novembre 2023.

Nous demandons à la direction : 

– un bilan général des effets sur le personnel de la réorganisation du travail liée au déménagement,
– un inventaire général des documents et collections avant déménagement,
– le recours au stockage des documents qui ne pourront pas intégrer le bâtiment Lumière pendant les travaux et l’arrêtdu désherbage massif des collections,
– la mise en place d’une véritable réflexion sur le fonctionnement, le service rendu et l’organisation du travail de la bibliothèque pendant la période des travaux,
– une redéfinition des horaires d’ouverture liée aux contraintes du déménagement, en particulier revenir aux horaires d’ouverture de 11h à 22h les week-ends et jours fériés,
– un bilan des effets sur les contractuels, vacataires d’accueil et de rangement, de la réorganisation du travail dans le cadre du déménagement et de la période de transition dans le bâtiment lumière,
– la mise ne place d’un protocole d’accompagnement et d’un groupe de suivi
– une clarification concernant les fonctions et attributions des contractuels d’accueil.