Le Louvre n’est pas un jouet

Nous espérons que chacune et chacun d’entre vous se porte le mieux possible dans cette période trouble, où nos gouvernants y vont de leurs paroles rassurantes, tout en nous disant qu’il y a de plus en plus de « CLUSTERS », et de départements classés ROUGE suite à l’épidémie de COVID-19.

Dans ce contexte, le Président de l’Établissement du Musée du Louvre a reçu les organisations syndicales, tour à tour, ce mardi 08 septembre 2020, pour discuter de cette situation, depuis notre Musée. Étaient présents également l’administrateur général et le directeur des ressources humaines.

Pour la section Snac-FSU Louvre, il en ressort plusieurs points évoqués, peu hélas, puisque le temps était compté :

– Sur la continuité d’ouverture du musée du Louvre : le Président rappelle sa volonté d’ouverture du musée, sur le maximum de secteurs possible, tout en précisant qu’avec les nombreux travaux en cours (Petit Bourbon, Sully sud, Arts…) et à venir (Rohan…), cette surface est naturellement réduite.

– Sur les conditions de travail : le télétravail reste privilégié chaque fois qu’il est possible de l’organiser, actuellement régi par le décret 2016-151 du 11 février 2016 modifié. Une charte doit être à nouveau proposée lors du prochain CHSCT le 22 septembre 2020 au Musée du Louvre.

– Sur les horaires décalés (Les H…3,4) : nous avons rappelé notre opposition ferme sur ce type d’horaires, qui plus est temps de présence agrémenté de discours insipides en fin de service : après 8h20 de présence effective face au public, les agents n’ont qu’un souhait, sortir, passer à autre chose, rentrer chez eux.

– Sur le pointage physique et autres contrôles bêtes et méchants en prise, en cours et fin de poste : nous avons redit notre désarroi face à une DAPS qui ne sait toujours pas se libérer de pratiques ancestrales ou surveillance à papa. Sur ce sujet, le Président a semblé plutôt sensible à nos propos…

– Sur les nocturnes du Musée : le Président maintient les nocturnes gratuites un samedi par mois, prioritairement avec des personnels titulaires, où une rémunération supplémentaire compliquée, partie heures supplémentaires, partie IFSE, serait mise en oeuvre pour une meilleure incitation, le tout, à notre point de vue, ne compensant pas le déplacement d’un samedi soir, que ce soit en journée continue ou en nocturne simple. A suivre…

– Les nocturnes des mercredi et vendredi, annulées jusqu’au 31/12/2020 dans l’immédiat : les agents contractuels sur ces nocturnes feront l’objet d’attention particulière et il leur sera demandé, si possible, de compenser sur les week-ends. Il nous a été assuré qu’il n’y aura pas de rupture de contrat imposé. A suivre de près…

– Sur le déficit du musée du Louvre : à ce jour estimé à 59 M. Euros. Le Président nous a confirmé que le ministère compenserait une partie.

– Sur l’intégration envisagée des Musées d’Ecouen et de Cluny : aucune information à l’heure actuelle, et pas encore à l’ordre du jour selon le Président.

– Nous avons attiré l’attention sur la sécurité du Musée, notamment à travers le service des équipes de nuit et des contrôles d’accès de jour du musée du Louvre. Ce dernier point, très sensible, dans un climat délétère et hélas, face au risque attentat toujours d’actualité.

– En dépit des alertes incessantes sur la situation des effectifs et de l’importance transversale et vitale pour le musée de ces postes d’accueil et de contrôle, aucune réponse n’est apportée. Pas d’effectif, donc, mais une volonté de positionner des « contrôles X » que ne seraient pas capables d’utiliser les personnels titulaires ( !) (Alors que le Louvre, dérogatoire dans tous domaines, pourraient faire valoir et intégrer cette particularité), et préfèrera sans doute confier au secteur privé des points clefs essentiels pour la sûreté des lieux !!!

Nous avons adressé nos critiques argumentées sur l’ensemble de ces sujets : L’interdisciplinarité, maître mot à la DAPS, n’est pas la clef de tous les problèmes.

Il existe bel et bien des liens d’emploi, de compétence et de métier entre les trois régions muséographiques où peuvent être envisagés des liens opérationnels forts et des croisements d’agents. L’usage des potelets devrait y être exceptionnel : la préoccupation première n’étant pas la gestion de flux.
A ne pas confondre donc l’accueil du public en salles muséographiques et l’accueil du public intégrant parfois une gestion de flux très active sous Pyramide ou plus difficile encore au jardin des Tuileries puisque c’est un lieu de promenade.

A ne pas confondre le travail de sûreté des équipes de nuit, des PC de jour et du service des accès.

Le management actuellement pratiqué ressemble de plus en plus à un « hop ! hop ! hop ! » paradoxal et mal fagoté qui ne sait pas tenir compte des spécificités : plannings, temps de travail, niveaux de connaissance (histoire de l’art, langues, sécurité…), compétences acquises, capacités, goût personnel, implication…

Si le Louvre voulait se vendre au privé sur ses accès en périmétrie, voire sur son service de nuit, on ne s’y prendrait pas mieux ! Ne pas renouveler un départ massif d’effectif. Laisser pourrir un service et surtout lui demander l’impossible : qu’à volonté les agents soient interchangeables.

Pour prendre une image commune, les enfants dès le plus jeune âge sont initiés au tri par des outils pédagogiques adaptés, cubes, triangles, ronds… Ils apprennent à en distinguer les spécificités, à les ranger par formes ou par couleurs, à les emboîter lorsque cela est possible… Ainsi apprennent-ils que le cube n’entre pas dans le trou en forme de triangle et ainsi de suite…

L’interdisciplinarité (!) veut être LA SOLUTION à tous les problèmes et doit être instituée vaille que vaille, se heurtant naturellement aux nécessités horaires, aux plannings, aux spécificité de l’emploi et sans tenir compte des hautes contraintes de sécurité liée aux oeuvres, au patrimoine, à l’établissement !
Comme cela « ne s’emboîte pas », on a tôt fait de décider que seul le privé saura faire ?! Drôle d’impasse managériale ! Dans le privé en effet, de tels manageurs sont rapidement remerciés.

Détruire est toujours plus facile que construire strate par strate, en tenant compte, le plus humainement possible, de l’adhésion rationnelle de ceux qui ouvrent et ferment : la catégorie C.

Les enfants colériques détruisent parfois leurs jouets… Il faut intervenir pour prévenir le désastre… Attention, musée fragile ! Attention, personnels fragilisés par la crise sanitaire !

En pleine période de tension, où nous savons que les collègues fonctionnaires sont mieux à même de servir l’Etat, et donc notre établissement, par leur connaissance et leur investissement !!!

Restons vigilants et ne laissons pas nos missions premières être récupérés par des prestataires privés au bon vouloir de cette administration et de ses représentants, dont la plupart ne ferait pas 24 heures dans le secteur privé qu’ils adulent pourtant !