Nous sommes tous attachés aux services publics, dont l’utilité est parfaitement résumée par des formules du type :
« 6h52 : j’allume la lumière, je me lève, j’ouvre un robinet d’eau, je sors la poubelle, j’ouvre la boîte aux lettres, j’emprunte la même route qu’hier, elle est éclairée ; je m’arrête au Stop, je vois des arbres coupés, je longe un jardin public, je dépose les enfants, crèche, primaire et lycée, je fais un saut à l’hôpital pour voir mon père, un policier régule la circulation etc. »
Hôpital, routes, école, eau, sécurité, etc. les agents publics sont partout au service de tous.
Quant au ministère de la Culture, il a pour mission de sauvegarder, protéger, enrichir les collections nationales et mettre en valeur le patrimoine culturel, de favoriser la création des œuvres de l’art et de l’esprit, la participation de tous à la vie culturelle et artistique et le développement des pratiques et des enseignements artistiques.
Mais s’il est aisé de comprendre que les conservateurs, techniciens d’art, architectes, archéologues documentalistes, médiateurs culturels, personnels d’accueil et surveillance, etc., sont des professionnels du service public culturel, il semble parfois plus difficile d’appréhender le rôle crucial que jouent les personnels administratifs au sein du ministère.
Le rôle essentiel des personnels administratifs
Et pourtant, sans nous pas de recrutement, pas de carrière, pas de paye, pas de formation, pas d’achats, pas d’informatique, pas de budget, pas de retraite, pas de suivi de gestion de dossiers, pas d’accueil direct du public, pas d’accompagnement dans leurs démarches administratives… rien !
Les technocrates ont décidé de nous dénommer « les fonctions support », histoire de bien insister sur notre soi-disant polyvalence, voire notre interchangeabilité, justifier de la dématérialisation forcée de nos missions, mais aussi quand même, de manière plus positive, pour mettre en avant le rôle essentiel de nos missions « de support ».
La disparition progressive des administratifs
Nous sommes chaque année moins nombreux notamment en bas de l’échelle. L’accueil si important des services est de plus en plus souvent externalisé. Pour les services centraux du ministère, l’infogérance (l’informatique) est en province et il n’est pas rare d’appeler – on ne sait qui, on ne sait où – pour qu’intervienne le technicien, souvent prestataire d’une société extérieure, qui est trois étages plus bas et ne connaît ni nos impératifs, ni nos missions. Le bureau des pensions n’existera plus – où à l’état embryonnaire – d’ici très peu d’années, les assistants sont de moins en moins nombreux et nous passons tous de plus en plus de temps à nous battre pour réserver une salle, commander du matériel etc. au mépris de nos métiers. La logistique essentielle au bon fonctionnement s’appelle « Nestor » (référence délicate au majordome du capitaine Haddock), la gestion des concours a été externalisée au SIEC, service relevant de l’éducation nationale, le service de formation est de plus en plus réduit et lorsque les agents restants ne pourront plus accomplir leurs missions on externalisera encore au motif que « vous voyez bien qu’ils n’y arrivent pas ». Qui veut abattre son chien prétend qu’il a la rage.
L’élite managériale centralise, mutualise, externalise. Elle supprime des emplois de fonctionnaires au mépris des coûts. Car ne nous y trompons pas. Ce n’est pas pour économiser l’argent public que les fonctions support sont supprimées, elles le sont sur l’autel d’une idéologie néo-libérale partagée par l’immense majorité des décideurs de la haute fonction publique. Cette élite est d’autant plus zélée dans son travail de suppression des postes, que ces destructions servent leurs carrières.
Et pourtant sans nous pas de ministère
Que nous soyons assistants, secrétaires, gestionnaires RH, budgétaires, informaticiens, régisseurs, contrôleurs de gestion, chargés de communication et de valorisation, coordinateurs d’équipes, etc., soyons convaincus que sans nous le système ne pourrait pas fonctionner, la vie des usagers confrontés à d’absconses « chat boxes » ou autres systèmes dématérialisés serait insupportable. Chacun d’entre nous participe à rendre possible l’exécution des missions qui échoient au ministère de la Culture. Nous créons un lien nécessaire entre le monde scientifique, technique et le public, nous infusons une humanité à tous les étages de la maison Culture.
L’invisibilisation des « petites mains » du ministère doit cesser.
Alors il est temps qu’on nous reconnaisse enfin pour ce que nous sommes : à savoir des « essentiels ». Arrêtons la casse de nos missions et de nos métiers.
Comme tous les agents publics, nous sommes comptables de la bonne exécution de nos missions envers nos usagers.
Pour certains d’entre nous, ce sont les mêmes que ceux de nos collègues des filières scientifique et technique (si l’on est par exemple affecté au Service des musées de France ou dans un service déconcentré). Pour d’autres ce sont les publics et enfin pour beaucoup nos usagers sont tout simplement nos collègues, qui comptent sur nous pour leur paye, leur carrière, leur formation, etc…
Ce que nous voulons
Mais dans tous les cas, nous voulons de la considération, nous voulons l’arrêt des externalisations sauvages, et nous voulons la reconnaissance, celle notamment qui s’inscrit au bas de notre fiche de paye, et donc un repyramidage de la filière administrative qu’on nous promet depuis des années.
Si vous avez des idées, des témoignages, si vous souhaitez parler de vous et de vos missions, si vous avez des attentes, si vous voulez parler de votre expérience et de votre environnement professionnel. Nous sommes là.
Car ce n’est pas seul, chacun dans son coin que nous pourrons faire changer les choses, mais tous ensemble nous pouvons y arriver. Arriver qu’enfin nous ayons, nous les administratifs, la reconnaissance légitime du ministère qui sans nous n’existerait pas.
C’est là le mandat fondamental du secteur des administratifs de la FSU Culture !