Revendications des étudiant.es de l’Ecole Nationale Supérieure d’Architecture de Paris Malaquais et de l’Ecole Nationale Supérieure des Beaux Arts de Paris
Nous, étudiant.es nous joignons à la lutte contre l’omniprésence du privé dans les institutions publiques et la précarisation étudiante, enseignante et du personnel administratif à travers la mobilisation ce dimanche 1er mars 2020. L’intrusion des évènements, financements et intérêts privés se fait en opposition à un enseignement public de qualité pour tous.
Ces derniers jours, la fashion week occupe notre établissement lors de défilés de modes et d’expositions. 65 étudiant.es de nos deux écoles ont ainsi réalisé une action artistique politique prenant la forme d’un cours de modèle vivant devant l’entrée du site des Beaux-Arts. Les deux modèles nus sur une estrade y brandissaient la pancarte « Le privé nous met à nu, l’école est à la rue ».
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Cette performance fait suite à l’action du 25 février au cours de laquelle un groupe composé d’environ 80 étudiant.es et enseignant.es de l’ENSBA et de l’ENSAPM, a investi un évènement privé organisé dans notre établissement par la société Louboutin. L’action avait été votée à l’unanimité lors d’une assemblée générale ouverte portant sur l’avenir de nos deux écoles rassemblant des étudiant.es et des enseignant.es.
Attirer l’attention sur l’envahissement des locaux partagés de l’ENSBA et de l’ENSAPM par des sociétés de luxe y organisant soirées, galas et défilés de mode permet de porter nos revendications aux yeux du Ministère de la Culture, sourd à nos multiples sollicitations. Rappelons que nos écoles dépendent des subsides engendrés par l’accueil de ce genre d’événements. Or nous sommes convaincu.es qu’une école ne devrait pas dépendre de sociétés privées pour prospérer, d’autant plus si les espaces qu’elles occupent sont essentiels aux étudiant.es. L’école publique doit rester un bien commun à tou.tes.
La destruction imminente du bâtiment Lenoir, annoncée par le Conseil d’État le 29 novembre 2019 ne fait qu’aggraver le problème : l’ENSAPM a l’un des plus faibles ratio d’espace par étudiant.es des ENSA. Ce bâtiment de 800m², représentant un quart des surfaces disponibles pour les activités d’enseignement et de recherche de l’ENSAPM, a fait l’objet d’un long procès entre le Ministère de la Culture et Monsieur Pinault, collectionneur d’art patenté et trentième fortune mondiale, qui estime que ledit bâtiment gêne la vue depuis son hôtel particulier voisin. Initialement prévu pour être temporaire, le bâtiment accueille les activités de l’école depuis 2001. Le Conseil d’Etat a arbitré en faveur de Monsieur Pinault : le bâtiment doit être démonté en décembre 2020. C’est bien parce que le Ministère de la Culture n’a pas porté de projet pérenne pour le bon déroulement des activités des deux écoles sur le site des Beaux Arts de Paris que ce bâtiment est encore investi.
A ce manque d’espace et de moyen s’ajoute une précarisation massive et grandissante de la situation étudiante, enseignante ainsi que du personnel administratif. Nous nous inscrivons dans un contexte plus large de mobilisations face à la destruction des services publics et de solidarité.
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À travers l’action menée aujourd’hui, nous dénonçons :
– la précarisation des établissements publics par le manque de moyens accordés ;
– la confusion entre mécénat et privatisation des espaces publics dédiés à l’éducation ;
– la mise à l’écart de la communauté étudiante dans les discussions concernant les plans d’avenir de l’école et de nos formations ;
– la mauvaise gestion du ministère de la Culture dans la gestion de ses établissements;
– la précarisation croissante des étudiant.es, des enseignant.es et du personnel administratif.
Nous revendiquons :
– l’augmentation des moyens financiers accordés par l’État aux établissements publics ;
– le site public des Beaux Arts de Paris devrait être uniquement dédié à la recherche et à l’enseignement ;
– une représentation étudiante dans toutes les prises de décision concernant notre apprentissage et notre cadre de vie ;
– le soutien au mouvement de protestation pour la défense d’un service public de qualité des écoles nationales d’architecture et de l’enseignement supérieure ;
– des actions concrètes et significatives de la part du gouvernement contre la précarité des étudiant.es, des enseignant.es et du personnel administratif.
Il est urgent que toutes les instances décisionnelles : l’ENSBA et l’ENSAPM, le Ministère de la Culture, le Ministère de l’Enseignement supérieur, de la Recherche et de l’Innovation, le Ministère de l’Economie et des Finances, l’Etat, agissent pour assurer la pérennité d’un enseignement public et de qualité pour tou.tes.
Collectif des étudiant.es concerné.es de l’Ecole Nationale Supérieure d’Architecture de Paris Malaquais et de l’Ecole Nationale Supérieure des Beaux Arts de Paris.