Les représentants FSU ont répondu à l’invitation du nouveau président du CNC, nommé hier en Conseil des Ministres, Dominique Boutonnat qui souhaitait rencontrer les organisations syndicales.
Nous saluons cette marque de respect envers vos représentants et attendons de voir si cela augure d’un renouveau du dialogue social que nous appelions, en vain, de nos vœux, lors de la précédente mandature.
Cette nomination, et la publication du « Rapport sur le financement privé de la production et de la distribution cinématographiques et audiovisuelles » suscitent légitimement de nombreuses interrogations de la part des agents qui constatent également un fort mécontentement exprimé par une partie de la profession.
C’est la 1ère fois depuis 1946, excepté le cas de Véronique Cayla, que le président n’est pas un haut fonctionnaire, mais un professionnel. Cette situation inédite peut légitimement nous interroger sur le respect du principe de neutralité, faisant partie des obligations de tout agent public, ainsi que sur de possibles conflits d’intérêt.
Nous avons demandé à Dominique Boutonnat de clarifier certains propos de son rapport pour mieux comprendre ses intentions et la ligne générale de la nouvelle politique impulsée par l’Elysée et nous lui avons fait part de nos préoccupations sur l’avenir des agents du CNC, leurs conditions de travail et de rémunération.
Nous avons tenu à lui expliquer qu’il arrivait à la tête d’une administration particulière avec des agents fortement investis dans leur mission, effectuant une grande partie de leur carrière au CNC mais dont la charge de travail était constamment alourdie. Dominique Boutonnat s’est réjoui de cette implication des agents qui cadre mal avec l’image dégradée du fonctionnaire trop souvent véhiculée par les politiques désireux d’opposer secteur privé et public.
Concernant les grandes lignes de sa politique à venir, il nous a répondu qu’il était prêt à clarifier, si besoin, le contenu de son rapport mais que le rapport contenait de simples propositions et qu’il attendait encore sa lettre de mission. Nous souhaitons que cette lettre de mission soit rendue publique.
Il a tenu à ce qu’aucun amalgame ne soit fait entre son rapport et le rapport de la députée Magne. Il nous a assuré qu’il souhaitait renforcer les compétences du CNC, qu’il était hors de question de remettre en cause l’affectation des taxes perçues par le CNC et qu’il était opposé au plafonnement ces taxes.
Sur le passage de son rapport prônant un recentrage du CNC sur ses missions essentielles, nous avons fait part de notre inquiétude concernant d’éventuels abandons de missions et de réduction d’effectifs. Il a affirmé qu’il n’en était nullement question mais qu’il s’agissait de donner plus de lisibilité à l’action du CNC.
Il a souligné que tous les professionnels interrogés dans le cadre de son rapport avaient pointé le manque de clarté des missions du CNC, fruit certainement de l’histoire de cet établissement et de ses évolutions successives.
Nous nous sommes réjouis de lire ses propos sur la défense de l’exception culturelle, de la préservation de la diversité, de la qualité et de la liberté de création mais inquiétés de son constat du trop grand nombre de films produits et notamment des films non rentables.
Il nous a répondu qu’il n’était pas question de limiter le nombre de films produits chaque année, mais indispensable d’améliorer notre capacité de financement et de diffusion. Toutes les œuvres ne doivent pas être rentables, ce n’est pas le propos et l’argent privé ne doit pas se substituer à l’argent public, mais le compléter. L’argent public a des objectifs spécifiques et notamment la recherche de nouveaux talents.
Concernant les conditions de travail et de rémunération des agents, nous avons attiré l’attention de Monsieur D.Boutonnat sur l’urgence de la révision des grilles indiciaires et le manque d’avancée de ce dossier. Nous avons souligné que l’alignement du projet CNC (concernant les agents contractuels) sur le PPCR (Parcours professionnel carrières et rémunérations concernant les agents titulaires) en vigueur jusqu’en 2021, avait, semble-t-il, était une erreur compte tenu du dispositif tel qu’il est appliqué aux titulaires (transfert primes/points). Nous lui avons également fait part, dans l’attente d’une hypothétique révision des grilles indiciaires, de notre demande de se pencher sur l’indemnitaire pour dégager rapidement des améliorations, en termes de rémunération, pour les agents et une meilleure lisibilité du RIFSEEP CNC et des critères de positionnement des postes dans la grille.
La réponse de l’administration mettant en avant l’impossibilité de mener les deux de front budgétairement parlant, ne nous convainc pas. La philosophie de ce gouvernement s’inscrivant plutôt dans une revalorisation de l’indemnitaire, comme notre Ministère de tutelle qui a mis en route une revalorisation de l’IFSE (indemnitaire) et du CIA des titulaires.
Nous lui avons également fait part de la légitime impatience des agents devant la lenteur de la mise en place du télétravail très attendu par tous, ces épisodes répétés de canicule en démontrant l’urgence.
Nous l’avons également alerté dans la perspective de réformes de fond qui semblent s’annoncer, sur l’impérieuse nécessité d’une réelle concertation préalable des agents et de leurs représentants accompagné d’une mesure de l’impact sur leur charge de travail.
Nous avons déploré les réorganisations passées en force lors du dernier Comité technique juste avant le changement de Présidence alors que les agents demandaient un temps de concertation supplémentaire, demande soutenue par la FSU.
Dominique Boutonnat nous a assuré qu’il attachait beaucoup d’importance à la concertation avec les agents.
La FSU espère que ces propos sont sincères et attend d’en juger au regard des décisions futures de notre nouveau président.