CFDT – CFTC – CGT – FSU – SUD – UNSA
Le projet de loi de finances (PLF) pour 2025 est désormais public. Avec une enveloppe stable de 3,92 milliards d’euros pour la mission « Culture », ce projet entre dans une phase de débat parlementaire à haut risque. Derrière les chiffres annoncés, se cachent des décisions qui auront un impact direct sur les agents du ministère, sur les opérateurs et plus largement sur les acteurs culturels.
UN BUDGET STABLE ? UNE ILLUSION…
À première vue, le budget est stable et nous pourrions être tentés de dire que le pire a été évité. En réalité, les choix budgétaires annoncés risquent de dégrader un peu plus nos conditions de travail et nos missions :
- Baisse drastique pour le Patrimoine : le programme 175 « Patrimoines » voit ses moyens réduits de 23 % en autorisations d’engagement (de 1.48 milliard d’€ à 1.14 milliards d’€). C’est autant de moins pour restaurer et préserver nos monuments, musées et archives. Cette baisse significative peut encore être révisée à la hausse par un amendement du gouvernement dont on ne connaît ni le contenu ni les montants avec de grandes incertitudes sur son adoption par le Parlement. L’inquiétude est donc fondée pour ce qui concerne la préservation et la valorisation des patrimoines
- Soutien limité pour la création : avec une hausse de seulement 3,24 % (de 1.03 milliard d’€ à 1,07 milliard d’€), le programme 131 « Création » peine à répondre aux besoins croissants des structures artistiques, frappées par la précarité des artistes et des technicien·es
- Éducation artistique en progression : ce budget progresse de 3,39 % mais ne résout pas le problème persistant de l’insertion professionnelle des jeunes diplômés des écoles d’art.
LES GRANDS PROJETS, POUR QUI ?
Les grands chantiers de rénovation (Notre-Dame, Centre Pompidou, Grand Palais) vont mobiliser une part importante du budget. Si leur importance est indéniable, nous ne pouvons accepter que cela se fasse au détriment des agents sur le terrain, déjà confrontés à des difficultés grandissantes.
QUEL IMPACT POUR NOUS, AGENTS DU MINISTÈRE ?
Ce budget se traduit par la suppression de 68 emplois (ETPT) qui pèsera essentiellement sur les opérateurs du ministère (- 66 ETPT sur les 68 annoncés). Ce choix politique d’austérité sur l’emplois aggravera le sous-effectif structurel, augmentera encore la charge de travail des agents et accentuera la dégradation d’un service public déjà sous pression.
Par ailleurs, les réorganisations en vue, notamment les fusions d’établissements comme celle déjà bien avancée du Mobilier national et manufactures des Gobelins, de Beauvais et de la Savonnerie et de la Cité de la céramique – Sèvres & Limoges, vont chambouler nos missions sans moyens humains supplémentaires.
Les contraintes exercées depuis des années sur l’emploi au ministère posent très concrètement et quasiment partout la double question de la pérennité des missions et des conditions sociales d’emploi des personnels, à l’exemple de ce que vivent nos collègues des DRAC.
Couper à nouveau dans les effectifs, c’est encore ouvrir les vannes de la précarité, de la dérégulation du travail sous toutes ses formes et du recours à l’externalisation grimpante.
Initialement prévue pour juin 2025, la mise en œuvre de la Protection sociale complémentaire est désormais décalée à octobre 2025. Nous dénonçons vivement ce report, qui va toucher directement le pouvoir d’achat des agents. Cela interroge sur la volonté réelle d’améliorer la couverture sociale des agents et cela accentue le sentiment d’incertitude au sein des équipes, dans un contexte déjà très anxiogène.
NOS PRIORITÉS : VOS DROITS D’ABORD
L’intersyndicale revendique notamment :
- Revalorisation des rémunérations des personnels contractuels et titulaires du ministère
- Maintien des emplois et renforcement des équipes : les réorganisations ne doivent pas se faire au détriment des agents et des missions. Les effectifs doivent être garantis pour assurer des conditionsde travail dignes
- Soutien aux métiers de la culture : la précarité dans la culture doit cesser. Nous réclamons descontrats stables et un soutien renforcé pour les artistes et techniciens
- Des moyens adaptés : Les moyens alloués au patrimoine, notamment pour les « petits » musées,archives et sites archéologiques, doivent être suffisants pour garantir l’accès à la culture pour tous.
- Agenda social : des négociations doivent rouvrir au plus vite pour répondre aux revendications légitimes des personnels (cf. pétition intersyndicale). Exigeons la convocation d’urgence d’un CSAministériel sur l’emploi.
RESTONS VIGILANTS ET MOBILISÉS !
Ce budget pose des risques réels pour nos missions. Restons ensemble pour garantir un service public de la culture de qualité et protéger les agents du ministère. L’intersyndicale culture sera à vos côtés pour défendre vos droits et vos conditions de travail.